Thierry Bonnafous, 1856. Gare Matabiau, le train arrive enfin !

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L’ouvrage de Thierry Bonnafous, adhérent de l’APHG et professeur agrégé d’histoire-géographie au Lycée Françoise de Tournefeuille, dans la banlieue ouest de Toulouse, est le dernier paru au sein de la collection « Cette année-là à Toulouse », lancée en octobre 2018 par Bernard Seiden, éditeur à Portet-sur-Garonne. Petit-fils de chef et gare et passionné par la chose ferroviaire, Thierry Bonnafous nous livre là un ouvrage à la fois pointu et synthétique.


Et si vous êtes à Toulouse pour le festival L’histoire à venir, Thierry Bonnafous propose deux visites de la gare et de ses environs. Profitez-en !

Comme tous les numéros de cette collection, qui existe aussi pour les villes de Bordeaux, de Clermont-Ferrand, de Nantes et de Strasbourg, l’ouvrage a une date pour point de départ : celle de 1856, année de la mise en service et de l’inauguration de la gare Matabiau de Toulouse.

En historien avisé, Thierry Bonnafous commence par raconter par le menu les festivités relatives à la double inauguration de la gare Matabiau  : une première pour la section Bordeaux-Toulouse en 1856 puis une deuxième pour la section Cette (aujourd’hui orthographiée Sète)-Toulouse en 1857. La gare Matabiau se trouve en effet au milieu de la transversale ferroviaire de l’entre-deux-mers. L’auteur met aussi en lumière tous les problèmes posés par cette gare, mal reliée au reste de la ville : aucune artère ne la relie au centre-ville et elle est située au-delà du canal du Midi.

Puis, Thierry Bonnafous adopte une démarche géographique en proposant une analyse multiscalaire, destinée à replacer la gare Matabiau dans son contexte national, régional et local. Il rappelle combien cette gare est restée, pendant toute la seconde moitié du XIXe siècle, à l’écart des grands axes ferroviaires, ceux longeant la façade atlantique ou la façade méditerranéenne. Puis il montre que la mise en service de lignes reliant Toulouse aux chefs-lieux des départements voisins place la gare Matabiau au cœur d’une étoile ferroviaire régionale. Cette situation n’améliore cependant pas l’intégration de la gare dans la ville, qui reste toujours en position périphérique.

Enfin, Thierry Bonnafous clôture l’ouvrage sur les enjeux contemporains de la gare Matabiau. La bâtiment initial, rasé et reconstruit entre 1903 et 1905, laisse place à celui que nous connaissons aujourd’hui : il est classé monument historique en 1984. Au cours du XXe siècle, la gare connaît des phases de croissance du trafic – pendant les deux guerres mondiales – et de recul – à partir des années 1970, avec la concurrence de l’avion et de la voiture. Aujourd’hui, le renouveau de la gare Matabiau est lié à l’essor des mobilités pendulaires, absorbé par les TER, à sa position centrale dans le réseau toulousain de transports en commun (ligne A et future ligne C du métro, plusieurs lignes de bus, gare routière) et à l’arrivée, annoncée pour 2032, de la LGV Bordeaux-Toulouse. Le quartier autour de la gare est d’ailleurs en rénovation profonde.

Ce petit opus fait partie de ces livres qu’on dévore avec plaisir : le récit et les analyses sont précis et l’auteur a en permanence le souci de replacer l’année 1856 et la gare Matabiau dans un contexte historique et géographique plus large.

Si vous êtes à Toulouse pour le festival L’histoire à venir, Thierry Bonnafous propose deux visites de la gare et de ses environs. Profitez-en !

Plus d’informations sur l’ouvrage sur le site de l’éditeur :

© Florian Nicolas (professeur d’HG au lycée Pierre Bourdieu, ancien président de la régionale Midi-Pyrénées) pour La Rédaction d’Historiens & Géographes, 24/05/2023. Tous droits réservés.