Un sentiment anti-immigrants de plus en plus fort Communiqué de presse - Conseil de l’Europe

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Un sentiment anti-immigrants de plus en plus fort et l’islamophobie, parmi les principales tendances constatées en 2015 par l’organe de lutte contre le racisme du Conseil de l’Europe.
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Communiqué de presse. Réf. DC 091 (2016). Strasbourg, 26.05.2016 – L’actuelle crise des migrations et les attentats terroristes sont les principaux facteurs qui ont influencé le débat public et les politiques en Europe en 2015, affirme la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) dans son rapport annuel publié aujourd’hui. [1]

Alors que l’Europe connaît un afflux sans précédent de migrants et de demandeurs d’asile fuyant la guerre, la persécution et la pauvreté, l’engagement de nombreux pays européens à élaborer des politiques migratoires axées sur les droits de l’homme a été mis à l’épreuve.

Il ressort du rapport que certains gouvernements ont eu recours à des mesures restrictives au franchissement des frontières tout en dissuadant les migrants et les demandeurs d’asile de rester sur leur territoire, ou ont érigé en infraction la fourniture d’une assistance aux migrants en situation irrégulière, brouillant inutilement la frontière juridique entre complicité de traite des êtres humains et fourniture d’une aide humanitaire. Dans d’autres pays, cependant, une « culture de l’accueil » s’est développée, amenant les autorités et des bénévoles locaux à mettre leur temps et des ressources au service des arrivants. Au cours du second semestre de 2015, la capacité des populations locales à faire face à l’afflux toujours plus massif de migrants et de demandeurs d’asile a été mise en doute alors même qu’émergeaient des discours ouvertement xénophobes et islamophobes et que se multipliaient les attaques visant des centres d’accueil.

« Les pays doivent lutter contre la violence raciste et mettre en œuvre des politiques d’intégration des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés », a déclaré Christian Ahlund, président de l’ECRI. « Le principe de répartition équitable est l’une des clés de voûte de l’élaboration de politiques efficaces dans ce domaine délicat. »

Les attentats terroristes perpétrés à Paris en janvier et en novembre et à Copenhague en février ont encore renforcé ce sentiment islamophobe et ont été exploités par les partis politiques populistes pour alimenter les préjugés et la haine à l’égard des musulmans en général. Le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, Thorbjørn Jagland, a mis en garde contre cette tendance : « Nous assistons en certains endroits à une banalisation du populisme et c’est là un jeu dangereux. Nous devons poursuivre sans réserve les efforts déployés pour lutter contre le discours de haine, promouvoir la tolérance et l’intégration pour aider nos sociétés à rester solidaires en ces temps difficiles. »

Une autre tendance relevée par l’ECRI est l’antisémitisme qui a une nouvelle fois augmenté en 2015, après avoir déjà atteint un pic dans certains pays l’année précédente. L’ECRI a également observé les discriminations que continuent de subir les personnes noires, les Roms et Gens du voyage et les personnes LGBT, même si la situation de ces groupes et le succès des politiques menées en leur faveur varient grandement d’un pays à l’autre.

L’ECRI constate que les mesures d’austérité ont aggravé la situation des groupes vulnérables dans de nombreux pays d’Europe ; les réductions budgétaires ont également touché les institutions qui s’emploient à prévenir et à combattre le racisme et l’intolérance et ont compromis leur efficacité.

Interview de Christian Ahlund, Président de l’ECRI, vidéo en ligne

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© Le Conseil de l’Europe - Service de presse.

© Les services de la Rédaction de la revue Historiens & Géographes. Paris, le 29 mai 2016. Tous droits réservés.