Chefs d’œuvre du Centre Pompidou (1906-1957) au Tokyo Metropolitan Art Museum, 11 juin-22 septembre
13,-9 Ueno Park, Taito-ki, Tokyo
71 chefs d’œuvre extraits de collections du Centre Pompidou. Démarrant avec le tableau de Raoul Dufy, Une rue avec des drapeaux (1906), en terminant par une maquette du Centre Pompidou des architectes Renzo Piano et Richard Rogers. Chaque artiste a droit à une brève biographie et à une œuvre... des peintres comme Matisse (Intérieur rouge, 1948) ou Picasso (La Muse, 1905 ), des architectes comme Eugène Freyssinet (Les hangars de l’Aéroport d’Orly), des stylistes comme Jean Prouvé : Une chaise (1924), des sculpteurs comme Calder (4 feuilles et 3 pétales, 1939) ou Giacometti (Femme de Venise V, 1956), des photographes comme Edouard Boubat (Première neige au jardin du Luxembourg, 1955) ou Gilles Caron (Protestation, rue Saint Jacques, Paris, 6 mai 1968), des cinéastes comme Chris Marker (La jetée, 1962).
Organisée par la Fondation pour l’histoire et la culture du Tokyo Metropolitan Art Museum, le Centre Pompidou, Asahi Shimbum, TBS, avec le soutien de l’Ambassade de France / Institut Français du Japon, cette exposition dispose d’une scénographie soignée et lisible qui montre la richesse et la diversité des collections du musée.
Brève histoire du Tokyo National Museum
Il ouvrit en 1872 sous l’ère Meiji, à l’occasion de la première à Yushima Seido Confucian à Tokyo. En 1875, le Musée passe sous administration du ministère des Affaires étrangères. L’année suivante, huit départements sont crées : œuvres de la Nature, agriculture et forêts, appareils artisanaux, arts, documents historiques, éducation, religions, terre et mer. En 1882, le musée est transféré vers le site actuel, à l’emplacement du site Kan’ei-ji à Ueno ; le musée ouvre ses portes dans le Honkhan (ancien bâtiment conçu par l’architecte anglais Josiah Conder. En 1889, le musée prend le nom de Musée impérial. En 1923, le bâtiment principal est détruit par un tremblement de terre. Il est reconstruit en 1938. En 1925, le musée des œuvres de la Nature (Sciences naturelles) est transféré au musée de Tokyo, devenu aujourd’hui Musée national de la Nature et des sciences. En 1947, le Musée impérial devient le Musée national de Tokyo. En 1989, la Galerie des trésors du Hôru-ji et le Heseikan sont inaugurés. Après plusieurs tutelles ministérielles, le musée national de Tokyo est rattaché en 2007 à l’institution administrative indépendante des instituts nationaux pour l’héritage culturel.
Le musée national collecte, préserve, restaure et montre les objets archéologiques et autres biens culturels du Japon et de l’Asie. La collection comprend environ 116 0000 objets incluant 87 Trésors nationaux (à la date de mars 2016). C’est la plus belle collection de biens culturels du Japon. Les expositions temporaires montrent environ 3 000 objets.
Le musée présente des collections de premier ordre : Armes et armures, calligraphies, peintures, céramiques, archéologie, Arts décoratifs, costumes des sculptures bouddhistes, les Arts de l’Asie...
Pour mieux replacer certaines collections et certains objets, il est utile de connaître les divisions chronologiques en usage au Japon :
Ères chronologiques
Paléolithique | Jusqu’à 11 000 av. J.C. |
Ère Jomon | 11000 - 5ème siècle av. J.C. |
Période Yayoi | 5ème siècle av.J.C.-3ème siècle |
Période Kofun | 3ème-7ème siècle |
Période Asaka | 590-710 |
Epoque de Nara | 710-794 |
Epoque de Heian | 794-1192 |
Epoque de Kunakura | 1192-1333 |
Epoque Nambo-kuchô | 1333-1392 |
Epoque de Murromachi | 1392-1573 |
Période Azachi-Moyan | 1573-1603 |
Epoque d’Edo | 1603-1868 |
Ère Meijï | 1868-1912 |
Ère Taïscho | 1912-1926 |
Ère Shôwa | 1926-1989 |
Ère Heisei | 1989-présent |
L’empereur Akihito, qui n’a aucun pouvoir mais représente le Japon en tant que symbole, est âgé de 82 ans et a parlé d’une éventuelle abdication (le mot n’a pas été prononcé) au profit de son fils qui n’est pas prévu dans la Constitution. L’empereur ne peut pas abdiquer. Un vaste débat s’est ouvert au Japon.
Tokyo Metropolitan Art Museum Gallery A,B,C
Dialogue avec les arbres. 5 histoires de Renaissance et de renouvellement, du 28 juillet au 2 octobre 2016.
Ouverture tous les jours de 9 h 30 à 17 h - 20h le vendredi. Fermeture le lundi. Cette exposition temporaire présente cinq artistes japonais contemporains qui utilisent le bois comme principal support sur des sculptures délicates d’animaux, de compositions florales, de statues d’un buste de femme, des constructions impressionnantes avec des morceaux de bois.
Les Grecs
Une exposition temporaire sur la civilisation grecque depuis les origines jusqu’à la période alexandrine présente ses principales étapes à travers des cartes, une chronologie, des visuels, dans une belle scénographie. Des objets exceptionnels, des statues, des vases, des monnaies, des tombes, les lieux de fouilles en Grèce et ailleurs, des chefs d’oeuvre comme le trésor de Crête sont montrés. Cette exposition est organisée par le ministère des affaires culturelles à Athènes. Elle est très fréquentée par le public japonais.
Musée de Shitamachi
A Taito-Ku
2-1 Ueno Koen, Taito –ku, Tokyo.
Situé au sud est de l’étang du parc du zoo, c’est un musée très intéressant et à voir car il retrace la vie quotidienne des habitants du district de Shitamachi (ville basse) depuis le milieu du XIXème jusqu’aux années 1920, avant sa défiguration par le grand tremblement de terre de 1923, puis par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale (1945). La reconstruction d’après guerre et la modernisation de la ville en vue de l’organisation des Jeux Olympiques de 1964 ont contribué à la disparition progressive du vieux Shitamachi et ont laissé place à des immeubles ou des maisons qui ont adopté le confort moderne. Dans les années 1970, un mouvement dédié à la préservation de l’héritage culturel de Shitamachi commença à se développer. Grâce à de nombreuses personnes vivant à Taiti-ku ou ailleurs, le Musée de Shitamachi ouvrit ses portes en 1980 avec la promesse de sauvegarder et d’exposer la culture et les modes de vie de la vieille Shitamachi pour les générations futures.
Encadré. Les destructions dues aux bombardements aériens pendant la Seconde Guerre mondiale.
La guerre débute en réalité en 1937 avec l’incident de Mandchourie et s’achève en septembre 1945 par la signature de la capitulation du Japon. En 1941, le grand corps de la jeunesse du Japon est créée qui embrigade les jeunes dans les structures de la défense. Les femmes furent enrôlés aussi dans une organisation en 1942. Ils sont chargés de l’aide aux soldats. Plusieurs témoignages, objets de lettres de soldats d’armes, de drapeaux d’unités y figurent. Les destructions furent si importantes qu’elles obligèrent le gouvernement japonais à céder aux Alliés, en fait aux Américains qui organisaient ces raids aériens pour faire plier les autorités et les obliger à capituler (accords de Postdam). Mais ces explications ne figurent pas dans les notices …
Au rez-de -chaussée, l’exposition permanente nous projette dans une ruelle de Shitamachi du début du vingtième siècle. D’un côté se situe la maison du marchand de lanières pour geta (sandales de bois), au style traditionnel deshigeta zukuru ( poutres en saillie), renfermant l’atelier de l’artisan ainsi qu’une pièce utilisée pour les négociations. En face, se trouve un nagaya, long bâtiment partagé par plusieurs familles : une femme et sa fille y tiennent un magasin de dagashi (confiseries bon marché), l’autre moitié étant occupé par un dika-ya, un fabricant d’ustensiles en cuivre. A l’extrémité, se trouve le puits commun à toit pour le voisinage.
Toutes les pièces exposées ont été offertes au musée par le public et ont été réellement utilisés par les habitants de Shitamashi dans le passé.
Le premier étage propose plusieurs sections, exposant la culture de Shitamachi à travers ses coutumes, ses festivals et événements locaux, ainsi que différents objets, des ustensiles de cuivre et des jouets pour les enfants. On peut y voir un intérieur des années 1970 et l’entrée d’un bain public offerte par son propriétaire. Toute une section est consacrée aux Jeux Olympiques de 1964. On peut jouer aux jeux (échecs go), s’exercer au bilboquet, à la toupie… Des expositions spéciales ont lieu en hiver et en automne.
Encadré. Le grand tremblement de terre du 1er septembre 1923 à Tokyo
A 11 h 58, un tremblement de terre de magnitude 7 sur l’échelle de Richter frappe Tokyo. 100 000 habitants y trouvent la mort, 580 000 maisons sont détruites. Dans le quartier de Shimachi, beaucoup de maisons étaient construites en bois. Le feu va se propager très rapidement en raison des fourneaux allumés pour le repas familial. Dans les jours qui suivirent, les parcs et espaces disponibles furent ouverts pour les rescapés. On nourrit la population et les victimes furent assistées. Des maisons provisoires y furent construites et 10 000 personnes y vécurent. Il a fallu 6 ans et demi pour reconstruire le quartier. Des écoles, des maisons en béton et des ponts furent reconstruits avec des matériaux anti-feu. 55 parcs ou espaces ouverts furent aménagés pour être des zones d’évacuation en cas de nouveau tremblement de terre.
Sanctuaire Yasukini Jinja
3-1-1 kudankita, Chiyoda-ku
ll est installé sur la colline de Kudan à la mémoire des soldats morts depuis 1868. Un grand portique ouvre l’entrée du sanctuaire national, par une allée bordée de ginkhos et de lanternes de pierre... La statue du fondateur de l’armée japonaise, Omura Mashujito (1824-1869) se dresse. Les visiteurs poursuivent jusqu’à la porte du sanctuaire, une porte centrale imposante devant laquelle les japonais montent sur une estrade au milieu de la fumée d’encens, puis s’inclinent, jettent une pièce et frappent deux fois dans leurs mains et saluent à nouveau. Le rite est Shinto. C’est le mémorial qui veut rendre hommage aux 2 500 000 soldats tombés au combat pour l’empire. Les noms de soldats ont été inscrits à la main sur du papier japonais. Le problème est que depuis 1978, 14 criminels de guerre ont été enregistrés. Le Premier ministre japonais Kotzumi Junichiro s’est rendu de 2001 à 2006 au sanctuaire provoquant la colère de la Chine et de la Corée. Ses successeurs se sont abstenus à l’exemple de l’Empereur et de son fils. Mais en 2012, deux ministres se sont rendus à titre privé au sanctuaire, provoquant des réactions violentes en Chine. Le Premier ministre Shinzo Abe depuis 2014, s’est abstenu de s’y rendre.
Yasukini Yushukan War Memorial Museum
Il est ouvert d’avril à septembre de 9h à 17h, octobre – mars 9 h-16 h 30. C’est le plus ancien musée (1862), rénové en 2012 et présente en 20 salles l’histoire militaire du Japon. L’histoire des samouraïs est racontée, les armures, les exploits des militaires, les guerres des XIXème et XXème siècles : la guerre sino-japonaise de 1905 contre la Russie qui se termine par la victoire navale et terrestre du Japon qui occupe la Corée, l’île de Sakhaline et un moment la Mandchourie, puis la guerre contre la Chine en 1937 de Tchang Kai Chek qui s’unit malgré beaucoup de réserves aux communistes de Mao, la Seconde Guerre mondiale qui se traduit par la conquête de l’ère de co-prospérité...
Toutes ces opérations militaires sont retracées avec des cartes, des photographies, des souvenirs, des témoignages de soldats et d’officiers. Mais la conception reste nationaliste, ne remet pas en question les buts de guerre agressifs du Japon, des militaires au pouvoir, ne parle pas des exactions, du massacre de Nankin, des femmes de réconfort de Corée, de l’unité spéciale sévissant en Chine et pratiquant des expériences médicales sur des prisonniers. Le Japon n’a fait que défendre ses traditions, sa culture, son sol... comme l’évoque cette tendance à s’exprimer de manière ouverte. On le perçoit dans le succès de certains manuels scolaires qui ne parlent pas de la guerre impérialiste menée par les japonais.
© Les services de la rédaction de la revue Historiens & Géographes, le 20 août 2016. Tous droits réservés.