Arrêté du 22 janvier 2024 en Bac Pro : un timide aveu d’échec de la Transformation de la Voie Professionnelle ? Communiqué de l’Atelier LP de l’APHG

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Alors que le texte relatif à la réforme du Lycée Professionnel vient d’être rejeté par le Conseil Supérieur de l’Education, les inquiétudes ne sont pas dissipées.
Les deux dernières réformes nous obligent à la plus grande vigilance, dans l’intérêt de nos élèves et de nos collègues.

La nouvelle réforme de la voie professionnelle, annoncée depuis plusieurs mois dans la plus grande opacité, avance à pas hésitants. Lors du dernier Conseil Supérieur de l’Éducation du 8 janvier, la plupart des organisations syndicales, des associations de parents s’étaient opposés au texte présenté par le ministère et la Ministre déléguée Carole Grandjean : 52 votes contre, 17 abstentions et aucun vote favorable.

Le départ de Carole Grandjean montre bien que sa véritable feuille de route consistait à démanteler l’enseignement professionnel scolaire au profit de l’apprentissage. En outre, l’association ne peut que redouter l’aggravation des inégalités socio-spatiales dans la répartition des cartes de formations désormais régionalisée, la récurrence des problèmes de mixité dans les filières, la complexification du suivi des élèves avec l’entrée de l’alternance dans les parcours scolaires, la soumission des établissements scolaires aux CFA via la création du bureau des entreprises dans chacun d’entre eux.

L’arrêté du 22 janvier 2024 relatif à la réforme professionnelle acte le rétrécissement du chef d’œuvre rebaptisé « projet », ainsi que la diminution du nombre d’heures d’accompagnement renforcé et de co-intervention au profit de dédoublements disciplinaires qui permettent un enseignement adapté à chaque élève afin de pallier les difficultés individuelles.

L’APHG approuve l’augmentation de ces dédoublements prévus en classes de seconde et de première mais n’est pas dupe du fait qu’ils se feront à moyens constants, utilisant le principe des vases communicants sans apporter de réel changement aux DHG Lettres-Histoire ni aux heures-élève. Par ce même principe, l’augmentation du nombre d’heures consacrées à l’EMC qui a été annoncée se fera forcément au détriment de nos autres disciplines, français, histoire et géographie, déjà fortement réduites depuis la réforme de 2018. On ne peut que regretter, dans le même temps, la disparition de 58 à 60 heures d’AP jugées par la plupart des enseignants comme un levier d’approfondissement et de liberté pédagogique.

Ensuite se pose la question de l’organisation de la Terminale Bac Pro. La réduction de l’horaire annuel dans la période précédant l’examen privera encore les élèves de 170h de cours, toutes disciplines confondues, pour la préparation du baccalauréat. La faible augmentation de 0,5h de cours par semaine en Lettres-Histoire en Terminale n’est qu’une mascarade aboutissant à une année scolaire écourtée de 4 semaines. Qu’en sera-t-il des 6 semaines qui suivront les examens dans le nouveau calendrier ? Les élèves qui opteront pour l’entreprise, « l’insertion dans l’emploi », seront privés de 6 semaines de cours qui leur auraient été bien utiles. Quant à ceux qui choisiront la préparation à la « poursuite d’études », de quels cours bénéficieront-ils ? Quelle sera la place de l’Histoire-Géographie dans ce parcours, sachant qu’ils ne poursuivront probablement pas d’études en histoire ni en géographie ?

Enfin, l’APHG est lucide concernant cette fin d’année en Terminale Bac Pro : le mois de juin sera surtout, pour des élèves en fin de parcours scolaire, l’occasion d’une reconquête des vacances.

L’Atelier LP de l’APHG.

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