J’ai l’honneur de vous informer de la sortie en librairie d’un Atlas de la mondialisation chez Autrement le 31 janvier 2018.
En près de 90 cartes et quatre grandes parties, il se fixe trois objectifs : scientifique (rendre le monde contemporain le plus intelligible possible), civique (armer les lecteurs pour permettre de faire des choix éclairés concernant leur vie quotidienne et leur avenir, individuel et collectif) et éducatif (faire des jeunes les citoyens du monde de demain).
Cet atlas insiste sur que le fait que la mondialisation n’est pas réductible à la seule échelle mondiale ; qu’elle n‘est ni automatique, ni mécanique mais le fruit de rapports de forces et de jeux de puissances ; qu’elle n’abolit ni l’histoire, ni le temps, ni la mémoire des faits d’un côté, ni l’espace, ni les distances, ni les territoires, ni les sociétés et cultures de l’autre.
Si notre planète est unique, elle juxtapose en son sein plusieurs mondes. Car la mondialisation contemporaine n’est en rien mondiale, c’est un système - dual et polarisé - produisant tensions et crises. Elle survalorise systématiquement à toutes les échelles les moindres différences territoriales, qu’elles soient naturelles, sociales, économiques et culturelles (cf. accès aux ressources, coûts salariaux et protections sociales, niveaux d’équipement, stabilité et crises…).
Si pour certains notre monde n’est qu’incertitude, désordre ou chaos, la responsabilité du géographe est bien de sérier les questions posées, d’identifier les dynamiques et de dégager les enjeux d’avenir. En particulier, une très étroite oligarchie accapare l’essentiel de la richesse mondiale : seulement 400 millions de personnes (8 % pop. mondiale) disposent de 86 % de la richesse mondiale, et en son sein une super-élite (0,7 % pop.) de 45,6 %. A l’opposé, 73 % de la population mondiale se contente des miettes (2,4 %). Ainsi, par exemple, alors que la valeur des actifs financiers bat des records historiques en atteignant 128 500 milliards d’euros en décembre 2016, les 10 % des personnes les plus riches en détiennent 79 %, contre 1 % seulement pour les 50 % les plus pauvres.
En ce début de XXIe siècle, notre globe a donc des structures archaïques d’Ancien Régime. Comment s’étonner dans ces conditions des énormes tensions sociales, migratoires et politiques qui structurent l’espace mondial, et ce toutes les échelles.
Au total, la définition et la promotion d’un nouvel ordre mondial - géographiquement plus juste et équilibré, économiquement plus efficace, socialement plus solidaire et environnementalement plus durable - devient un enjeu majeur de civilisation. Dans ces débats essentiels - c’est à dire qui touchent à l’essence même de l’organisation de nos sociétés et territoires - les géographes doivent tenir toute leur place.
En espérant ainsi faire œuvre utile.
Laurent Carroué - Tous droits réservés. 30 janvier 2018.
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