Le 11 juin 2018, Mme Nyssen, Ministre de la Culture et de la Communication invitait les institutionnels, le monde des médias dont l’APHG au ministère de la Culture pour présenter officiellement un projet, annoncé depuis la fin du mois de mars.
Le catalogue qui accompagne cette présentation s’intitule « Catalogue des désirs », bien dans l’esprit du moment mais il est vrai que la culture peut aussi être considérée comme un gourmandise, avant d’être objet de connaissance – le chemin inverse est tout aussi valable mais ne concerne pas toujours le même public.
Faute d’avoir pu le consulter (il ne nous sera envoyé qu’à la rentrée prochaine et seuls les institutionnels l’ont reçu), on ne peut que résumer le discours de Mme Nyssen qui peut se retrouver sur la presse de la semaine (Le Monde du 12 juin). Ce projet est intitulé « La Culture près de chez vous », et donc il s’agit de faire circuler - en tant que prêts de 6 mois à 1 an - et grâce à un fonds de 6,5 millions d’euros, des « œuvres iconiques des collections nationales », c’est à dire des trésors nationaux. La liste des œuvres doit être renouvelée par la suite.
Mais, et c’est là aussi l’originalité - puisque les Musées et les Monuments nationaux ont déjà une politique de prêt intensifiée ces dernières années - ceux-ci doivent s’appuyer sur les DRAC (Direction régionales des affaires culturelles) et tenir compte des demandes de la Région. L’exigence de concertation et de dialogue entre ces 2 parties dénommées comme « facilitateurs de prêts » est la condition même des projets finalement retenus.
Dès lors, l’objectif se devine, résumé par la formule « irriguer les zones blanches culturelles ». On se souvient des commentaires acerbes, déplacés et même méprisants qui ont accueilli le grand projet du Louvre-Lens, qui trouve sa place aujourd’hui avec la Galerie du temps et les expositions temporaires aussi riches que variées (actuellement « L’Empire des roses. Les Qâdjârs au XIXème siècle »). Le projet actuel prend soin de définir ces zones blanches comme « des bassins de vie comportant moins d’un équipement culturel pour 10 000 habitants ». On peut supposer qu’elles sont nombreuses …
En bref, 3 projets « fédérateurs » sont retenus pour la rentrée, impliquant le Musée des Beaux-Arts d’Agen (autour de Goya), le Musée Edmond-Rostand de Cambo-les-Bains (64), et le Musée Bernadotte de Pau (la Suède doit célébrer les 200 ans d’accession au trône du maréchal napoléonien). Puis, à partir de 2019, le projet sera étendu à la totalité du territoire.
La grande question de l’invitation du 11 juin était, bien sûr, le dévoilement des œuvres et des institutions retenues soit 450 œuvres et 29 institutions nationales : sculptures, peintures, design, photographies, objets décoratifs, scientifiques, militaires et sportifs – actualité oblige : citons la torche des Jeux Olympiques de Mexico en 1968 (Musée de Nice). Et même des œuvres relevant des anciens « Musées des arts et traditions populaires » comme la truelle d’un maçon italien du Musée de l’immigration de la Porte Dorée de Paris.
Du désir au plaisir et du plaisir à la connaissance pour le plus grand nombre : tel est le parcours proposé avec force par Mme Nyssen. Bref, démocratiser la Culture, ce à quoi s’emploient les enseignants. Là aussi, localement, grâce à l’activité des Régionales, l’APHG a son rôle à jouer.
© Violeta Martinez-Auriol pour Historiens & Géographes. Tous droits réservés. 17/06/2018.