L’hymne d’Ugarit, le plus ancien chant connu à ce jour dans le monde
Située en Syrie actuelle, au nord de Lattaquié, Ugarit était l’une des capitales les plus prestigieuses du Levant. Le site antique fait l’objet de fouilles depuis 1928. On y a trouvé plusieurs tablettes d’hymnes accompagnés d’indications musicales, dont l’exposition présente des moulages. Parmi eux figure le moulage d’un texte entier, datant de 13e siècle avant J.-C.
Il s’agit d’un hymne chanté à la déesse Nikkal, épouse du dieu-Lune, pour lui demander d’obtenir une grossesse. Le texte de l’hymne est écrit en langue hourrite. Un double trait sépare ce texte d’indications musicales en langue akkadienne. En bas est précisé le nom du scribe et le mode dans lequel le chant devait être joué.
Des recherches menées dans les années 1970-80 ont abouti à plusieurs tentatives de reconstitution en musique de cet hymne. Les visiteurs peuvent écouter dans l’exposition un extrait de trois d’entre elles. Il s’agit du chant le plus ancien qui puisse être interprété grâce à des indications musicales fiables, même si la transposition en musique pose encore des interrogations aux chercheurs et reste ouverte au débat.
La pseudo-trompette d’Aïda
Giuseppe Verdi fit preuve d’un véritable souci d’authenticité dans la mise en scène de l’opéra d’Aïda, que ce soit dans le choix des noms des héros, les décors, les costumes et même dans la volonté d’utiliser des instruments de musique de l’Égypte ancienne. Il demanda notamment de nombreux conseils à l’égyptologue Auguste Mariette, par ailleurs auteur du livret mais qui n’en revendiqua jamais la paternité.
Le vestige d’une trompette entré dans les collections du musée du Louvre en 1857 servit de modèle à des facteurs d’instruments pour la réalisation de copies destinées à l’opéra. Mais dans les années 1970, Jean-Louis de Cenival, conservateur en chef au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre, se rendit compte qu’il s’agissait en réalité... du pied d’un brûle parfum !
Les nouvelles technologies au service de l’étude des instruments antiques
Jusqu’ici, le potentiel de recherche offert par l’analyse des matériaux et par l’acoustique n’avait été que très peu été exploité pour les instruments de musique de l’Antiquité. Pourtant, des harpes, lyres, luths, flûtes, sistres, trompettes et tambours nous sont parvenus, parfois dans un état de conservation tout à fait exceptionnel si l’on considère la fragilité des matériaux qui les composent : bois, os, cuir, métal, fibres, roseau, etc. Ces objets, d’une grande valeur patrimoniale, nous renseignent autant sur la culture matérielle que sur l’histoire des techniques et l’histoire de la musique
Grâce aux nouvelles technologies, des études ont pu être pour le première fois menées sur la riche collection d’instruments de musique du musée du Louvre : identification des essences de bois, datations par carbone 14, recours à la lutherie virtuelle pour tester la capacité sonore, photogrammétrie (relevés 3D)... Ces méthodes scientifiques aident à dater les objets, identifier les techniques de fabrication et éventuellement les ateliers de production. L’instrument de musique est ainsi analysé dans toutes ses dimensions : acoustique (ouïe), ergonomique (toucher) et esthétique (vue).
Les résultats issus de ces travaux, en particulier ceux menés sur les harpes égyptiennes anciennes et les cornua de Pompéi, sont présentés dans l’exposition à travers deux courts métrages.
© Les services de la Rédaction d’Historiens & Géographes, 28/07/2017. Tous droits réservés.