Monsieur le Premier Ministre, Madame la Ministre de l’Éducation nationale,
La formation continue est un droit, tout au long de la vie professionnelle. L’APHG a toujours milité pour une formation continue de qualité et exigeante qui, seule, peut fonder l’autorité de l’enseignant dans sa classe, face à ses élèves. Cette conception, très majoritairement partagée par les enseignants, est radicalement incompatible avec des formations placées sur la pause méridienne ou en fin de journée, ou encore pendant les vacances scolaires. Cette vision purement gestionnaire du travail des enseignants ignore totalement les réalités de ce dernier : la multiplication des sollicitations de la part de la direction des établissements ou des parents d’élèves, la nécessité de souffler après une journée de cours qui mobilise toute l’énergie physique et intellectuelle de nos collègues, la lourdeur croissante de leur travail de préparation et d’évaluation – car, vous le savez, le travail des enseignants ne se résume pas à leur temps de présence en cours –, le droit qu’ils ont, tout simplement, à une vie personnelle et familiale comme tous les salariés.
Vous constatez une dure réalité : le métier d’enseignant n’attire plus les jeunes talents, et pour cause. D’où des difficultés croissantes, et qui ne feront que s’accentuer, ne vous y trompez pas, à recruter. Face à la hantise quasi névrotique des « trous » dans l’emploi du temps des élèves qui ne traduit qu’une soumission aux pressions des associations de parents d’élèves, vous avez décidé de dégrader encore davantage les conditions de travail des enseignants en leur niant le droit de continuer à se former sur leur temps de travail. Soit les enseignants renonceront à toute formation, car ils travaillent déjà beaucoup, et laisser croire qu’ils disposent encore de temps pour se former en dehors de leurs lourdes obligations professionnelles n’est qu’une concession populiste au discours de discrédit qui imprègne toute la société ; soit ils suivront, pour certains d’entre eux (pas tous), des modules « casés » en milieu ou en fin de journée, c’est-à-dire un succédané de formation.
À quoi bon multiplier les incantations sur le retour de l’autorité à l’école ou la revalorisation du statut des enseignants quand tout est fait, au contraire, pour les décourager et les discréditer ?
L’APHG s’élève avec force contre cette politique de gribouille comme elle se tient aux côtés des collègues qui la rejettent. Songez, Monsieur le Premier Ministre, Madame la Ministre, que vous ne réformerez pas l’Éducation nationale sans les enseignants ni contre les enseignants. C’est pour l’avoir ignoré que vos prédécesseurs ont aggravé une crise de l’école latente depuis des années. Le droit à la formation continue des enseignants doit être préservé et renforcé ; ce n’est que par une politique ambitieuse que vous attirerez de nouveaux enseignants, non par des mesurettes indignes d’un service public de l’éducation auquel nous restons, envers et contre tout, attachés, et que nous ne vous laisserons pas détruire.
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