Quel état de la recherche et des débats sur un sujet sensible, complexe, abordé en cours et qui suscite des interrogations des élèves : la radicalisation djihadiste ?
Après avoir présenté son parcours universitaire, d’abord tourné vers les questions migratoires, le sociologue Elyamine Settoul se tourne vers le sujet de la radicalisation et du phénomène djihadiste.
Son travail a reposé en partie sur des enquêtes au cœur du système pénitentiaire, afin de dégager les logiques d’engagement des djihadistes. Dépassant les deux grands courants portés par Gilles Kepel (la radicalisation de l’Islam et donc la dévotion et l’orthopraxie) et Olivier Roy ( l’islamisation de la radicalisation, soit une radicalité sociale comme moteur de l’engagement, une émotion, le djihad plutôt que le Coran), Elyamine Settoul propose ce qu’il nomme « le pentagone théorique de la djihadisation ».
Il y ajoute trois autres variantes : le politique (avec ses logiques de domination géopolitique et politique, notamment la dénonciation de l’Occident), la manipulation (emprise sectaire, « martelage cognitif », avec pour l’État Islamique l’utilisation de la méthode algorithmique sur la toile) et la pulsion (la satisfaction de ses désirs). Chaque variable est accompagnée d’exemples précis de djihadistes. Il faut y ajouter une forte dimension viriliste, la recherche de l’héroïsation, d’une reconnaissance. Dans le cas français, plus de la moitié des profils viennent des quartiers défavorisés, avec de nettes carences familiales et un rapport difficile à l’appartenance nationale. Le sujet des femmes est aussi désormais étudié non plus simplement sous l’angle des femmes de réconfort pour le djihadiste mais aussi comme porteuse de violence aussi. Et le cas du djihadisme dans le cadre de l’État islamique est singularisé : un mouvement de masse s’appuyant sur les réseaux sociaux. Enfin, les programmes de prévention et de désengagement (plutôt que le terme « déradicalisation ») en France terminent la discussion, avec un constat : de nombreuses tentatives d’attentats djihadistes déjouées et la réalité d’autres radicalismes : celui de l’ultra-droite.
Un café virtuel riche d’enseignement pour les collègues et passionnant.
A lire l’intervention d’Elyamine Settoul dans le journal Le Monde :
©Les services de la Rédaction d’Historiens & Géographes - Tous droits réservés. 27/01/2024.
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