Un domaine réservé au “coup de comm’” ? Communiqué de l’APHG

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Communiqué du Bureau national de l’APHG

C’est avec irritation que l’APHG a pris connaissance de l’entretien accordé par le Président de la République au magazine Le Point.

Sous prétexte de discours volontariste, il nous apparaît caricatural et démagogique de laisser entendre que l’école ne serait plus en France « le lieu de la transmission des savoirs, de l’esprit critique et des valeurs ». Pour toutes et tous, elle est le lieu de l’explication, du décryptage, de la construction de la connaissance durable, comme de l’apprentissage de la vie en commun. Ce travail de fond échappe au temps politique, comme au temps médiatique. Il ne saurait se soumettre à une nouvelle opération de communication dont l’objectif est de marquer la rentrée, non pas des élèves et des personnels de l’Education nationale, mais du seul interviewé.

Force est de reconnaître que certaines décisions prises depuis plusieurs années et en particulier depuis 2017 ont mis à mal ce travail de cohésion. Faut-il pour autant mentir en laissant entendre que les programmes d’histoire ne seraient plus chronologiques et devraient le redevenir ? Cela relève a minima d’une fake news, au pire d’une erreur de lecture des programmes scolaires. Le président de la République semble même oublier les polémiques qui ont entouré la mise en place des programmes de lycée à l’occasion de la réforme Blanquer : il leur fut reproché par certains d’être trop chronologiques et trop centrés sur l’histoire politique nationale.

A chaque fois qu’elle a été auditionnée par les Ministres de l’Education successifs ou leurs conseillers, l’APHG a toujours proposé des pistes d’améliorations pour les programmes en vigueur en ce qui concerne leur longueur, leur organisation générale ou leur contenu car nous sommes persuadés que tout peut être amélioré. Mais améliorer ne signifie pas nier ce qui existe déjà... Ne pas écouter le terrain conduit, sur ce sujet encore, à proférer des contre-vérités témoignant d’une maîtrise approximative du « domaine ».

Nous rejoignons en revanche volontiers le Président de la République à propos de la formation disciplinaire des professeur(e)s d’Histoire-Géographie. Affaiblir leur CAPES en supprimant un oral disciplinaire n’est à l’évidence pas en accord avec cette belle intention. Le remplacement de Plans Académiques de formation certes imparfaits par des Ecoles Académiques de Formation Continue au fonctionnement d’une lourdeur monstrueuse appauvrit considérablement leur formation continue.

Enfin, il est louable de vouloir davantage d’Enseignement moral et civique (l’instruction civique n’existe plus …). Il faut pour cela un horaire accru et la reconnaissance de ce qui existe déjà, dans le respect de la liberté pédagogique.

Faire de l’éducation son domaine réservé implique de bien la connaître et d’écouter ceux qui, sur le terrain, jour après jour, oeuvrent pour la servir. L’absence d’un dialogue sincère nuit durablement à la formation de jeunes Républicains et à la diffusion des valeurs de Liberté, d’Egalité et de Fraternité.

Le Bureau national de l’APHG