Trois ans après l’assassinat de Samuel Paty, l’actualité récente nationale et internationale rappelle cruellement et douloureusement, avec la mort tragique de notre collègue Dominique Bernard, le rôle central de l’École dans la vie de notre nation. L’Histoire-Géographie et l’Enseignement moral et civique y tiennent une place fondamentale pour la construction des futurs citoyens. Il s’agit de leur livrer les outils nécessaires pour comprendre le monde, y compris dans la voie professionnelle qui ne saurait se résumer au seul apprentissage d’un métier.
L’Atelier LP de l’APHG rappelle qu’un tiers des lycéens aujourd’hui sont dans la voie professionnelle (CAP et Bac Pro). Aujourd’hui, conséquence de la réforme mise en œuvre par Jean-Michel Blanquer en 2018, un élève de CAP ne dispose par semaine que de 45 minutes d’HG, un élève de Terminale Bac Pro, de 1h15 hebdomadaire. Comment dans ces conditions pouvoir avoir le TEMPS d’expliquer des situations complexes : dans le meilleur des cas, le conflit israëlo-palestinien, c’est au maximum dix minutes dans l’année !!!
Alors que nombre d’élèves de la voie professionnelle ne disposent pas des moyens suffisants pour bien appréhender les soubresauts du monde, et constituent des proies faciles de toutes les infox déversées sur les réseaux sociaux, le Ministère de l’Éducation Nationale et le Ministère délégué à l’Enseignement et à la Formation Professionnels poursuivent, comme si de rien n’était, la réforme engagée. L’Atelier LP de l’APHG ne peut pas accepter les discours visant à nous conforter dans notre rôle essentiel de passeurs formant à la citoyenneté et aux valeurs républicaines et dans le même temps poursuivre une politique qui vise à réduire toujours plus notre rôle pour favoriser l’employabilité immédiate des jeunes.
En effet, le Ministère a confirmé fin septembre son projet sa volonté de mettre les épreuves écrites d’enseignement général en mars et de consacrer la fin d’année uniquement aux Périodes de Formation en Milieu Professionnel. La Ministre déléguée engage une refonte totale de l’organisation de l’année de Terminale Baccalauréat Professionnel pour la rentrée 2024. Comment peut-on accepter que les cours s’arrêtent dès le début du printemps dans le seul but de mettre au travail des jeunes pour certains non encore majeurs ? Qui peut croire que les lycéens professionnels se destinant à des poursuites d’études reviendront en juin suivre des modules intensifs de préparation au supérieur alors que l’échec a été patent au lycée général, contraignant le Ministère à réinstaurer les épreuves de spécialités en juin ? L’Atelier LP de l’APHG ne peut tolérer une telle dégradation de notre enseignement
La seule boussole ministérielle dans cette réforme, c’est toujours plus d’apprentissage, toujours plus d’alternance, toujours moins de cours, comme ne cesse de le poster la Ministre déléguée sur les différents réseaux sociaux. Elle a jusqu’alors ignoré ostensiblement les associations disciplinaires qui n’ont eu de cesse d’alerter sur les effets néfastes de cette réforme. Les horaires disciplinaires de l’enseignement général n’ont eu de cesse depuis 15 ans d’être réduits à portion congrue, et la réforme actuelle tend encore à privilégier les intérêts économiques immédiats afin de rapprocher encore plus les LP du modèle des CFA et de faire des élèves de Terminale de la main d’œuvre à disposition dès le printemps
L’Atelier LP de l’APHG refuse cette nouvelle dégradation des conditions d’exercice du métier de professeur. Les ministères doivent entendre notre très vive inquiétude, plutôt que de mépriser nos disciplines et nos missions. Un tiers d’une classe d’âge ne doit pas être éloigné de l’École dès le mois de mars. La compréhension du monde, la formation citoyenne la transmission des valeurs républicaines, c’est toute l’année scolaire et pour tous !!!
L’ATELIER LYCEE PROFESSIONNEL DE L’APHG
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