Décédée à Paris le 1er mai 2020, Liliane Badour était née à Biarritz en 1924. Après le décès de leurs parents, Liliane et ses deux frères cadets, Henri et René sont recueillis par leurs grands-parents maternels, d’origine russe et de religion juive. Les enfants ont été baptisés pendant la guerre afin de les protéger. Mais le 10 janvier 1944, cela n’empêche pas la Feldgendarmerie de venir arrêter le plus jeune, dont la validité du baptême n’est pas reconnue.
Liliane et ses frères sont d’abord emmenés à la prison de Bayonne puis transférés au camp de Drancy où ils arrivent le 25 janvier. Durant les quelques jours de détention, Liliane fait la connaissance d’un jeune homme juif et résistant, originaire de Lyon, Raphaël. Les jeunes gens se réconfortent et un sentiment amoureux commence à éclore. Le 3 février, ils sont déportés par le convoi 67. Descendus dans la neige sur la rampe juive, Liliane et ses frères sont rapidement séparés. Henri, dix-sept ans et René, treize ans, sont gazés avec les déportés du convoi qui ne passent pas l’épreuve de la sélection. Liliane et Raphaël entrent séparément dans le camp, et sont tatoués. Liliane est désormais le matricule 75127, tandis que Raphaël a reçu le numéro 173295. Au bout de quelques semaines, envoyée travailler à l’Union Werke, une usine, Liliane se lie avec Ida Grinspan et Léa Schwartzmann (Rohatyn). Liliane et Raphaël essayent fugacement de s’apercevoir, entretenant un fragile espoir, durant des mois de lutte pour la survie.
En janvier 1945, les épuisantes marches de la mort la conduisent à Ravensbrück, puis à Neustadt-Glewe, où elle est libérée le 2 mai. Agée d’à peine vingt ans, elle n’a pratiquement plus de famille. Elle en reconstruira une avec Raphaël, qui a survécu également, et la retrouve peu après son retour en France. Ils se marient en 1948.
Pour qu’on n’oublie pas, en mémoire de ses deux frères disparus, Liliane a témoigné au Mémorial, devant les élèves, et sur les lieux mêmes de sa déportation. Ceux qui la connaissaient garderont d’elle le souvenir de sa grande gentillesse, de son sourire et de son regard doux et paisible.
A son époux Raphaël, président de l’Union des déportés d’Auschwitz et inlassable porteur de mémoire, à sa fille et à sa famille, nous adressons nos sincères condoléances.
Le Bureau national de l’APHG.
Le témoignage de Liliane Esraïl sur le site Mémoire des déportations.
Photographies - collection R. Esraïl/Mémorial de la Shoah - Mémoires des déportations
© Les services de la Rédaction d’Historiens & Géographes, 05/05/2020, tous droits réservés.