En cette rentrée 2019, les collègues d’histoire-géographie en lycées connaissent incontestablement une des réformes les plus importantes de leur carrière avec de nouveaux programmes, l’introduction d’épreuves de contrôle continu dès la classe de première, la création d’un enseignement de spécialité « pluridisciplinaire » consacré à l’histoire, la géographie, la géopolitique et la science politique, et, dans certaines académies, le passage au Lycée 4.0.
Les premières semaines de discussion relatives à la réforme des lycées et du Bac ayant laissé filtrer des informations inquiétantes dès novembre 2017, les priorités de l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie (APHG) furent :
1. D’obtenir un horaire décent d’HG en tronc commun de la seconde à la terminale. Nous avons réclamé et obtenu 3h hebdomadaire en lycée général alors que nos disciplines couraient un risque majeur avec un horaire plancher de 2h.
2. D’affirmer notre opposition à la disparition de l’épreuve terminale et à la mise en place du contrôle continu. Le Baccalauréat est un examen national et doit le rester.
3. De défendre auprès du ministère, lors de multiples rencontres, le principe de programmes souples et non contraignants, respectant la liberté pédagogique des professeurs. Nous souhaitions aussi des programmes beaucoup moins chargés.
4. D’obtenir la création d’un enseignement de spécialité HG, ce qui correspond à une revendication ancienne, sans jamais envisager que lui soit apposé au départ un enseignement de Géopolitique et de Sciences Politiques. Il a néanmoins vocation a être enseigné par des historiens-géographes et à être pérennisé. Nous nous opposons au partage de cet enseignement de spécialité avec une autre discipline.
5. De veiller à ce que les élèves des séries technologiques puissent être formés dans de bonnes conditions. C’est pourquoi, nous avons dénoncé, à chaque consultation, l’insuffisance des horaires en séries technologiques avec un horaire plancher à 1h30 par semaine y compris en série STMG qui bénéficiait pourtant de 2h jusqu’alors. Le programme des séries technologiques étant beaucoup trop lourd, nous continuons à réclamer des allègements.
6. De défendre l’importance de l’HG, et des disciplines générales, en lycée professionnel. Nous continuons à dénoncer aujourd’hui le recul déplorable que constitue l’effondrement des heures dédiées à l’HG dans la formation des élèves de la voie professionnelle : l’’APHG redoute une disparition pure et simple du diplôme intermédiaire (BEP ou CAP) et la mise en place d’un CCF pour l’épreuve du bac.
Nous avons été diversement écoutés et entendus et avons relayé sans relâche les légitimes inquiétudes des collègues face aux difficultés engendrées par la mise en place de la réforme :
- des E3C (épreuves communes de contrôle continu) prématurées : la nature de l’épreuve a été connue très tard et dont la durée est insuffisante pour nos deux disciplines (2h en lycée général par exemple) ;
- un manque de clarté et de sécurité juridique : l’équipe d’HG de l’établissement pourra-t-elle réellement choisir le sujet ? Comment éviter les pressions diverses et multiples (élèves, parents, administration…) ?
- un retard dans le calendrier : la banque de sujets n’est pas prête, les modalités du « Grand oral » restent encore, à ce jour, inconnues… tout comme les modalités de correction et le contenu de l’épreuve de spécialité HGGSP en terminale. Nous nous félicitons en revanche de sa durée (4 heures), une revendication importante de l’APHG, régulièrement exprimée devant nos interlocuteurs. [Bulletin officiel n°34 du 19 septembre 2019].
L’année scolaire débute dans un contexte difficile. Une réforme doit effectivement s’attacher à ne pas dégrader les conditions de travail des élèves et de leurs professeurs : il y a beaucoup trop de classes aux effectifs lourds en HG et une quasi disparition des heures dédoublées, ou à effectifs réduits, dans nos disciplines, y compris en E.M.C.
La réforme doit également éviter la multiplication des injonctions contradictoires comme par exemple :
- Des éco-délégués d’un côté, mais une course forcée au numérique, entraînant gaspillage et pollution de l’autre
- De la précipitation, de la communication d’un côté, notamment pour certains Conseils Régionaux, mais des établissements qui se retrouvent sans manuel à la rentrée de l’autre.
- Des contraintes liées aux E3C d’un côté et une incitation permanente à mener des projets ce qui semble incompatible avec le risque de bachotage permanent dès la classe de première.
Nous appelons le ministère à œuvrer pour que les décisions prises sécurisent l’ensemble de la communauté éducative. Pourquoi compliquer les modalités d’un Baccalauréat que l’on voulait pourtant simplifier, au risque d’accentuer les inégalités entre les établissements ?
Le Bureau national et la Commission pédagogique des Lycées de l’APHG.
Paris, le 3 octobre 2019.
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