Dimitri Tilloi d’Ambrosi, Les voyages d’Hadrien (Arkhé, 2020) Un compte-rendu du café virtuel organisé le 3 novembre par l’APHG Lyon

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Par Noémie Lemennais. [1]

Dimitri Tilloi d’Ambrosi est agrégé d’histoire et docteur en histoire romaine, actuellement en poste en lycée et chargé de cours à l’Université Jean Moulin de Lyon III. Il a soutenu sa thèse en 2019 portant sur la cuisine et la diététique à Rome. Il est l’auteur de deux livres aux éditions Arkhé : L’Empire romain par le menu en 2017, et Les Voyages d’Hadrien en 2020. Le café-histoire du 3 novembre 2020, organisé par l’APHG de Lyon et animé par Fabien Salesse, a pour objectif de présenter ce dernier ouvrage.

Dimitri Tilloi d’Ambrosi commence son propos par une rapide, mais toujours salutaire, présentation des sources permettant d’approcher les voyages d’Hadrien durant son règne. Une partie de celles-ci sont littéraires, telle la problématique Histoire Auguste, mais il faut les croiser avec des sources différentes natures : numismatiques, papyrologiques, épigraphiques et archéologiques pour les vestiges des constructions réalisées dans le cadre des voyages d’Hadrien.

Fabien Salesse (FS) : Serait-il possible de revenir sur les conditions de voyage à l’époque antique, et plus précisément à l’époque romaine ? De fait, les voyages à cette époque prennent un temps considérable et nécessitent la mobilisation d’une logistique importante. Or, les voyages d’Hadrien ont été nombreux.

Dimitri Tilloi (DT) : La suite de l’empereur comporte environ 5000 personnes, soit l’équivalent d’une légion. Cela signifie que là où l’empereur se déplace, c’est finalement tout Rome qui se déplace. Ce qui est d’autant plus impressionnant, c’est que les modalités du voyage dans la Rome antique sont très contraignantes. Il y a en effet les risques de naufrages, de brigandage (moins pour l’empereur et sa suite). Il y a également l’inconfort du voyage marqué par le chaos de la route et la longueur des trajets. Cependant, voyager dans l’empire romain c’est également profiter d’un réseau de routes présent (de formes diverses allant d’une « belle route » comme la Via Appia à une simple piste) qui est bien balisé par les bornes milliaires, qui constituent également un moyen de célébrer l’empereur qui a le soin de ce réseau routier.

FS : Toute cette logistique est impressionnante par les quantités de ressources mobilisées, aussi bien en denrées qu’en hommes. Quelles pouvaient être les conséquences de ces voyages sur les territoires traversés ou visités ?

DT : Effectivement, il est signifié dans certaines sources, notamment un papyrus, que la suite d’Hadrien emporte plusieurs milliers d’artabae d’orge, c’est-à-dire une unité de mesure en orient grec correspondant une trentaine de litres. Il faut également penser à tout le foin nécessaire pour nourrir les chevaux. L’une des sources les plus importantes concernant la perception des voyages, c’est le Panégyrique de Trajan rédigé par Pline le Jeune qui dresse le portrait de l’empereur idéal avec un passage sur les voyages. L’empereur idéal doit prendre le soin de ne pas peser sur les provinces qu’il traverse ou visite pour son approvisionnement. Pline a d’ailleurs en tête le contre-modèle de Domitien qui était connu pour ses débordements. Hadrien est quant à lui présenté de manière moins positive que Trajan par les auteurs anciens, mais il a le souci d’accorder de nombreux soins aux cités qu’il visite. Il a donc le souci d’équilibrer les conséquences de sa venue, d’autant plus qu’Hadrien passe plus de 10 ans hors de Rome quand on cumule l’ensemble de ses voyages.

FS : Dans ces conditions d’éloignement géographique mais aussi temporel, comment s’informe-t-on de manière précise et rapide ?

DT  : Le système de communications est central à Rome. De fait, le cœur du pouvoir impérial réside dans des bureaux palatins responsables de la correspondance impériale, avec notamment un service d’archives. Le tout est géré par des affranchis ou des chevaliers. De plus, l’empire est parcouru d’un véritable réseau de poste impériale qui permet de communiquer rapidement. On doit le développement et le perfectionnement de ce réseau à Auguste qui réforme la uehiculatio (préférable pour le début de l’empire au cursus publicus plus connu, mais plus adapté à la période tardive). Ce système est géré par un préfet et est composé de plusieurs relais pour ravitailler la monture et en changer si besoin. Cela permettait donc de couvrir rapidement des distances importantes. Les estimations actuelles s’orientent pour une moyenne de 40 km par jour, un maximum de 70 km. Ainsi, les nouvelles de Germanie, par exemple, pouvaient arriver en quelques jours à Rome. Cette importance de la communication a été particulièrement bien démontrée par P. Cosme dans son étude sur l’année des quatre empereurs (P. Cosme, L’Année des quatre empereurs, 2012). De plus, l’information circule dans plusieurs sens : les cités dépêchent des ambassades avec l’empereur qui est déjà en déplacement, cela signifie que les cités communiquent entre elles également.

FS : R. Turcan présente Hadrien comme le « souverain de la romanité », reprenez-vous cette expression ? Quels sont finalement les buts des voyages d’Hadrien ? S’agit-il d’assurer la cohésion romaine ?

DT : Il existe plusieurs interprétations possibles de ces voyages, l’une d’entre elles serait le fruit d’une simple curiosité. Ce serait réducteur et faux. Il y a un véritable projet politique derrière ces voyages. C’est une façon de gouverner qui répond à une vision de l’empire. Au IIe siècle, le pouvoir impérial ne perçoit plus les provinciaux comme de simples contributeurs à l’impôt. Ils sont de plus en plus associés au pouvoir, notamment par l’intégration au Sénat et dans l’ordre équestre, les deux ordres supérieurs de Rome. Ce mouvement est en cours depuis la Table claudienne (en 48 sous l’empereur Claude). Les choses s’accélèrent durant le siècle d’Hadrien. Il y a le développement de la seconde sophistique avec des rhéteurs qui vont célébrer la gloire de Rome vue comme cherchant à uniformiser sous l’autorité d’un seul maître l’ensemble du monde connu. C’est évidemment à mettre en lien avec la figure d’Hadrien comme cosmocrator. C’est également un restitutor, c’est-à-dire qu’il permet de profiter des bienfaits de l’empire et de la stabilité. On a donc dans les discours officiels, l’image d’un empire pacifié et prospère grâce à l’empereur. Et c’est relativement le cas. Il y a quelques révoltes, notamment celle en Judée, mais le règne d’Hadrien est stable d’un point de vue militaire et politique.

FS : Justement, pouvez-vous développer la révolte de Judée (132-135) qui éclate après le passage d’Hadrien, et illustrant en même temps le fait que le voyage n’est pas suffisant pour régler tous les problèmes.

DT : Il s’agit de la deuxième grande révolte juive après celle qui débute sous Néron en 66. Les causes de cette révolte sont discutées et incertaines, bien que l’on ait des sources romaines et rabbiniques qui ont plutôt une lecture eschatologique. La tradition a retenu que la révolte aurait pu partir de la volonté d’Hadrien d’interdire la circoncision. Mais la révolte pourrait probablement plus s’expliquer par la volonté de transformer Jérusalem en colonie romaine (Aelia Capitolina). La question qui se pose c’est si cette transformation est l’élément déclencheur ou la sanction de la révolte. Il faudrait plutôt pencher pour la première hypothèse parce qu’il existe une émission monétaire qui présente l’acte de fondation de la colonie et ce type de monnaie a été retrouvé dans le trésor monétaire des insurgés. De fait, si Jérusalem devient une colonie, il y a la présence de sanctuaires païens (Jupiter, Venus) qui peuvent poser problème à la population juive. Dans tous les cas, c’est une guerre dure qui met les forces romaines en difficulté, parce Jérusalem renoue avec une guerre de guérilla rendant les opérations difficiles pour les Romains.

FS : Justement, Hadrien voyage et évolue dans un monde de cités. Il est donc de son devoir de répondre à un certain nombre de demandes pour que les cités fonctionnent.

DT : Le troisième élément qui garantit le bon fonctionnement de l’empire c’est le réseau de cités, avec leurs propres institutions, se gouvernant localement. Rome intervient assez peu sauf pour des questions financières. Elle peut en effet dépêcher un curator pour inspecter et assainir les finances de la cité quand cela est nécessaire. Mais ce monde de cités n’est pas uniforme : il y a une multiplicité de statuts : colonies, municipes, cité pérégrine, droit latin, droit romain. On assiste donc bien à une mosaïque de cités qui constituent autant de cellules autonomes composant l’empire.

FS : Lorsque Hadrien voyage c’est également pour un aspect militaire qui est présent, comme par exemple inspecter les défenses.

DT : Contrairement à ce qui peut avoir été écrit, Hadrien n’est pas pacifique. Il cherche à consolider les frontières avec les 300 000 hommes (légions + auxiliaires) dont dispose Rome pour défendre toutes les frontières. Il se place ainsi clairement dans la continuité avec Auguste. Il veille également à la discipline des soldats (selon les textes et des sources épigraphiques). Il se comporte de façon stricte mais aussi bienveillante (supprime toutes sortes de relâchement parmi les troupes de Germanie), tout en se montrant proche des soldats et assistant à leur entraînement. De fait, Hadrien a été un soldat au début de sa carrière, tribun du légat de légion, ce qui lui a permis d’avoir avoir une bonne connaissance de ce monde militaire. Par ailleurs, on pense au fameux mur d’Hadrien en Bretagne. Mais les frontières romaines ne sont pas toutes composées de murs, elles sont multiformes : palissades, frontières naturelles, relais de forts et de tours. Hadrien est l’un des rares empereurs à avoir inspecté toutes les frontières : Danube, Rhin, Bretagne, Afrique du Nord, Euphrate.

FS : Avons-nous des exemples de cas où l’empereur n’est pas satisfait de l’état de ses légions ?

DT : Nous n’avons pas d’exemples directs de sanctions et de mécontentement sauf en Germanie où depuis Trajan une forme de relâchement s’est développée. Il en profite donc pour supprimer la salle des repas, le luxe de la table etc., toujours dans l’idée de conforter la discipline. De fait, la disciplina est également une allégorie divinisée que l’on retrouve sur des monnaies et des autels. Elle est censée veiller sur les soldats.

FS : Dans cet esprit de disciplina, les conditions de voyage d’un empereur est l’occasion d’analyser la personnalité de l’empereur.

DT : Tout à fait, dans les sources qui dressent les portraits des empereurs (Suétone, l’Histoire Auguste), le portrait moral repose sur l’analyse des plaisirs de la table, le rapport au corps et au divertissement. Le bon empereur est celui qui est sobre dans ses manières, dans la consommation et dans les dépenses. Auguste est ainsi un modèle de sobriété. C’est d’ailleurs fondamental pour les Romains d’affirmer cette sobriété qui constitue un élément important de l’identité romaine et de la romanité.

FS : Qu’en est-il de l’activité judiciaire d’Hadrien dans ses voyages ?

DT : L’activité judiciaire de l’empereur est très importante puisque tout citoyen romain peut faire appel au jugement de l’empereur. Hadrien rend donc beaucoup de jugements dans les provinces dans lesquelles il se déplace. Une source très riche de ce domaine d’activité sont les tablettes de Vindolanda retrouvées dans la région du mur d’Hadrien. Le sens de la justice doit habiter l’empereur, ce qui renvoie au bouclier d’Arles forgé en l’honneur d’Auguste sur lequel sont mentionnées les quatre vertus de l’empereur : clementia, pietas, virtus et iustitia. Les sources nous apprennent qu’Hadrien rendait la justice dans le Panthéon, sous la coupole. De plus, dans les provinces, il y a des assemblées provinciales. On peut donc supposer qu’Hadrien a dû les rencontrer, notamment l’assemblée des Trois Gaules à Lyon. Enfin, l’empereur peut également punir certains excès réalisés par des gouverneurs. On a trace de sanctions contre des gouverneurs dans la région du Danube.

FS : Un autre aspect important est l’importance pour l’empereur de réguler la compétition entre les cités de l’empire.

DT : Les cités sont souvent en rivalité : par exemple Lyon est en grande rivalité avec Vienne (notamment pendant la période des guerres civiles). Cette compétition se retrouve aussi surtout en Orient. Il s’agit d’un héritage du monde grec classique et hellénistique. Sous la domination romaine, il n’y a plus de guerre, les cités s’affrontent donc par d’autres moyens : c’est ce que l’on appelle l’agôn. Cette compétition se réalise par plusieurs biais : activités édilitaires et une publicité pour se faire connaître de l’empereur afin de l’accueillir. Les cités mettent en place un cadre somptueux pour son arrivée (constructions, fêtes, etc...). L’empereur peut ainsi les aider, les soulager au lendemain de catastrophe par exemple.

FS : Dans ce cadre des relations entre Hadrien et les cités, que dire de la relation entre Hadrien et Athènes ?

DT  : L’historien a sa disposition une solide documentation pour les relations entre Hadrien et Athènes, même si l’action d’Hadrien ne diffère pas de ce qu’il fait dans les autres cités. Mais, cette relation particulière est sanctionnée par l’obtention de la citoyenneté athénienne. Il y a un chantier qui symbolise l’œuvre d’Hadrien à Athènes, c’est celui du temple de Zeus Olympien. Ce temple a été commencé sous les Pisistratides (VIe siècle av. n. è.), or l’inauguration n’a lieu que sous Hadrien. Cette inauguration va de paire avec des fêtes somptueuses durant lesquelles les rhéteurs vont louer Hadrien qui est profondément amoureux de la culture grecque assumant son philhellénisme. Hadrien, en œuvrant pour Athènes, œuvre pour la culture grecque qui est également celle l’élite et de l’empire à l’époque impériale. Mais il ne néglige pas pour autant la romanité. En 121, au moment où Hadrien s’apprête à entamer sa grande campagne en Orient, il consacre un temple à Vénus et à Rome divinisée. Il veille ainsi à équilibrer la part entre la romanité et l’hellénité.

FS : Il semblerait qu’Hadrien ait hésité à importer le culte des mystères d’Eleusis à Rome malgré cette tentative d’équilibre.

DT : Il s’agit d’un culte parmi les plus importants chez les Grecs. Il est consacré à Déméter et Perséphone durant lequel on célèbre le rapt de Perséphone par Hadès. Au-delà du mythe, ce qui est sous-jacent c’est le cycle de la vie et de la mort, comme l’illustre la récolte symbolique du blé fruit de Déméter. On célèbre ainsi la renaissance de la vie. C’est un culte central à l’échelle du monde grec. Avoir le projet de l’importer à Rome, c’est donc la volonté d’apporter Athènes à Rome.

FS : Quels sont les objectifs culturels poursuivis par Hadrien dans ses voyages ?

DT : Les biographes sont unanimes sur cet aspect du règne et des voyages : Hadrien est intéressé et impliqué par les nombreux champs du savoir. Il dessine des plans, il pratique un peu la sculpture et la peinture. Il a du dessiner la coupole du Panthéon et est capable de rivaliser avec des grammairiens et rhéteurs. Il y a donc une véritable esthétique du pouvoir sous ce règne. Il faut faire le parallèle avec Néron qui développait également une esthétique assez proche mais qui a été très mal perçue. Cependant, les mentalités ont évolué : la seconde sophistique a préparé le terrain pour que l’hellénisme soit pleinement intégré. Les voyages constituent donc un moyen pour Hadrien de voir sur le terrain les nombreux éléments rencontrés dans ses lectures. Il se rend sur des sites de restes archéologiques de la guerre de Troie, la tombe d’Ajax. En Égypte, il se rend auprès du colosse de Memnon qui était selon les Grecs et les Romains une représentation de Memnon, fils de l’aurore.

FS : Pouvez-vous nous parler de ce fameux voyage en Égypte entre 130 et 31 qui est le moment d’un drame fondamental ?

DT : Il s’agit en effet d’évoquer la noyade d’Antinoüs. Nous avons peu d’informations sur lui. C’est un jeune homme rencontré en Bythinie par Hadrien. Aucune source ne confirme la tradition forgée à la Renaissance qui en fait un esclave, mais c’était en tout cas un homme d’une situation sociale inférieure à Hadrien. Il est probable qu’une relation proche de la pédérastie grecque ait existé entre Hadrien et Antinoüs. Ce dernier accompagne Hadrien dans ses voyages. Lorsqu’ils sont en Égypte, il se noie dans le Nil. À la suite de cette noyade, il est divinisé et fait l’objet d’un véritable culte qui choque les auteurs. Or, dans la tradition égyptienne, une personne qui se noie dans le Nil est associée à Osiris et a donc valeur divine. Hadrien fonde également une cité, Antinopolis avec des honneurs considérables. On retrouve également des statues dans tout le monde oriental, mais aussi en Italie.. Hadrien aurait pleuré toutes les larmes de son corps après son décès, ce qui est très mal perçu parce que le deuil est très codifié à Rome. Les sources mentionnent l’hypothèse de la noyade, mais on peut également s’interroger sur l’existence d’un suicide rituel. De fait, Hadrien était versé dans l’astrologie, et on aurait pu lui dire que pour gagner des années de vie, il faudrait qu’un être aimé se sacrifie pour lui. Dans tous les cas, cet événement est important parce que les sources le mentionnent assez longuement. Hadrien a également érigé un tombeau à Rome en l’honneur d’Antinoüs, ainsi qu’un sanctuaire en son nom dans sa villa à Tivoli.

FS : A la fin de sa vie Hadrien ne peut plus se déplacer comme avant, peut-on dire que c’est le voyage qui vient à Hadrien ?

DT  : L’exemple de la villa d’Hadrien à Tivoli est représentative de ce moment. C’est une villa d’époque républicaine acquise peut-être par Sabine. Autour de ce noyau se développe un énorme complexe que l’on peut assimiler à une petite ville. Il a un plan particulier : accumulation de bâtiments originaux (thermes, bibliothèque, théâtre maritime...). Mais c’est en même temps un palais, un lieu de pouvoir qui abrite une administration importante et la garde prétorienne. Enfin, cette maison a aussi une symbolique forte. Elle peut être considérée comme la collection de souvenirs des voyages puisque les différents lieux renvoient à des espaces visités par Hadrien. Il y a aussi une autre interprétation possible : cette villa serait un résumé de l’univers et du monde dans un seul site, alimentant l’image d’un empereur cosmocrator.

Questions de l’auditoire :

1) Existe-t-il d’autres empereurs voyageurs ?

Hadrien se démarque par l’ampleur de ses voyages. Il a visité quasiment toutes les provinces pour une multiplicité de raisons. Les autres empereurs ne l’ont pas tous autant fait, mais il ont traversé les provinces : par exemple, Auguste se rend en Gaule pour la réorganisation provinciale. Néron en 66 se rend en Grèce. Les empereurs voyagent beaucoup en Italie, notamment en Campanie. Hadrien est le seul à avoir systématisé les voyages par un circuit bien établi.

2) Comment est gérée l’absence d’Hadrien et quelles sont les conséquences dans la vitesses de développement de la ville de Rome ?

L’historien n’a pas vraiment de sources sur ce sujet mais il est possible d’approcher une certaine conception à travers l’exemple de Florus (contemporain d’Hadrien) qui se moque de lui. Il y a donc une perception contrastée : certains auteurs trouvent cela étonnant et remarquable, tout en louant sa sa prédisposition ; d’autres ont des réactions négatives. Dans tous les cas, une action prolongée loin de Rome devait probablement être mal vécue par les Romains, mais surtout par les sénateurs. Toutefois, Hadrien veut laisser une Rome pacifiée comme en témoigne le chantier du temple de Rome et Venus débuté en 121. Il s’agit d’un message envoyé aux Romains pour dire qu’il n’oublie pas Rome. Enfin, malgré son absence physique, il y a toujours une correspondance assidue entre la capitale et l’empereur. De plus, à la tête de Rome, il y a le préfet de la Ville, sénateur de haut rang, qui veille sur la stabilité et la sécurité au sein de la capitale.

3) Quelles sont les conséquences sur la vie personnelle d’Hadrien (absence d’enfants) de tous ces voyages ?

L’impératrice Sabine a une place discrète. Il s’agissait d’un mariage arrangé par Trajan qui ne se passe pas très bien : relation tendue, pas d’enfant. Dans certaines sources, on fait dire à Sabine que jamais elle n’a voulu d’enfant d’un monstre pareil. Sa place en retrait n’a pas d’impact sur la perception du règne. Et l’absence d’enfant ne constitue pas un problème puisque tous les tous les empereurs de ce siècle (à l’exception de Commode fils de Marc-Aurèle) se sont adoptés les uns les autres.

4) Quelle est la composition de la cour impériale ?

Il s’agit d’une pyramide qui s’élargit : au sommet le couple impérial, les proches, préfets du prétoire, service de chancellerie, détachement de soldats, serviteurs et esclaves, des artistes, des hommes de lettres, intellectuels. C’est un ensemble très disparate qui constitue un résumé de Rome qui se déplace tout au long des voyages de l’empereur.

Le café virtuel se clôt par des remerciements chaleureux à l’intervenant et à l’organisateur.

© Historiens & Géographes - Tous droits réservés. 21/11/2020

Notes

[1Professeure en lycée, doctorante en histoire romaine à l’Université de Lille, membre du bureau de l’APHG Nord-Pas-de-Calais.