Exposition Au cœur du progrès (Lewarde) œuvres graphiques de la collection John P. Eckblad

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Exposition du 31 août au 31 décembre 2015 au Centre Historique Minier du Nord-Pas-de-Calais. [1]

Par Blanche Defernez [2]

Compte-rendu d’exposition, "Au cœur du progrès" [3]

1. Quelques rappels : le Centre Historique Minier

Le Centre minier de Lewarde, installé dans la commune de Lewarde, à quelques vingt kilomètres de Douai (environ 10 minutes par taxi) sert plusieurs objectifs, à la fois entreprise, conservatoire de la mémoire des mines, centre culturel, centre de recherche scientifique...

Il a été créé en 1973, puis une association s’est crée en 1982. La structure sur le carreau est installée depuis plus de 71 ans. L’ouverture au public a eu lieu il y a déjà 31 ans et le 25 août 2015, le centre a fêté son 41ème millionnaire comme visiteur !

L’histoire du centre s’est construite au fur et à mesure. Il présente aujourd’hui un circuit minier qui rappelle les 150 ans d’exploitation de la mine et des expositions permanentes, au nombre de 7 par an, en lien avec l’histoire de la mine.

Certaines programmations ont porté sur les femmes immigrées, les dangers de la mine, le statut social du mineur. La visite avec L’Observatoire Communication démarre par l’exposition de la collection de John P. Eckblad …

2. L’exposition « Au cœur du progrès »

Plus récemment, le centre accueille le regard des artistes et dans la nouvelle exposition, le regard d’un collectionneur, John P. Eckblad.

Elle voyagera car le centre de Lewarde a aussi la particularité d’être jumelé à d’autres centres miniers (en Allemagne, en Sardaigne, en Pologne …)

Elle comprend essentiellement des œuvres graphiques. Le collectionneur a démarré sa collection il y a une quarantaine d’années.

La collection comprend 750 gravures qui montrent l’industrie de tous types (aussi bien du charbon que du fer ..). La collection concernant les mines date de 20 ans. Elle rassemble des représentations à la fois des paysages, des hommes… et se concentre sur le travail, en particulier dans la mine.

L’approche de John P. Eckblad est une approche que l’on peut qualifier d’abord d’émotionnelle. Et elle diffère de celle de la Commissaire de l’exposition pour qui ce qui importe, c’est ce que cela raconte. Comme le souligne le collectionneur, l’esprit et le « feeling ». John P. Eckblad insiste sur la non distinction à ses yeux entre la « grande peinture » et la « peinture simple ». Par ailleurs, certaines affiches servent pour le théâtre comme celle intitulée « les tisserands », illustration sur les mineurs. Certaines toiles sont préférées à d’autres et en particulier les visages des mineurs (Meunier).

Il faut dire que les Compagnies minières ont fait appel à des artistes pour valoriser la mine. Des cinéastes ont des films à partir de la mine comme le fameux « Germinal ». L’affiche « les gueules noires » servira de publicité.

John P. Eckhblad nous montrera ses toiles préférées.

Nous relevons ce texte, en « chti » :

I fait nuit. L’peuple arpos’di ces l’ grande ville ouvrière
Seuls, les bruits d’lacierri rambuquent la cité
IN intind les vapeurs agaçants d’eur chaudière
Qui lancent les chiffelmints d’un monstre épouvinté …

Extrait de Éclats de Gaillettes, 1899

Des écrivains ont écrit sur la mine comme le belge Emile Verhaeren (1855-1916), Emile Zola (Germinal, 1885, La bête humaine,1890).

3. Visite au centre minier : le circuit de la mine

Entre 1931 et 1971, on a eu au quotidien 800 mineurs de fond et 200 à l’extérieur produisant 8 millions de tonnes de charbon. Les couches de charbon n’étaient que peu mécanisables, autrement dit, légères.

Depuis 1974, les Charbonnages de France ont organisé le musée de la mine. Le bâtiment était en bon état. En 1982, le site a été créé et l’ouverture au public s’est opérée en 1984. En 1987, il a pu avoir accès aux galeries.

Dans la visite, on peut voir la partie administrative (gestion …), les cartes établies par le géomètre sur le bassin …, ). Une partie explicative rappelle l’histoire de la formation du charbon (345 millions d’années, période du carbonifère, climat équatorial).

Toute une partie explicative peut intéresser fortement les enseignants et leurs classes de sciences de la vie, d’histoire, de géographie …

Nous visitons également les commodités pour les mineurs : l’entrée dans la mine (dépôt des vêtements, habillage des vêtements ) puis sortie de la mine, salle des douches (avec des salles aménagées pour les ingénieurs avec baignoire), accrochage des vêtements au plafond (salle des pendus) … Le travail de remise de badge par les femmes.

Nous nous rendons dans les galeries fortement aménagées (avec ascenseur …) et riches de pancartes explicatives, de vidéos, pour voir comment les mineurs travaillaient les veines de charbon.

Au fur et à mesure de l’histoire de la mine, le travail devient beaucoup plus taylorisé et la rentabilité fait son apparition avec tous les dommages causés par la pénibilité de ce travail.

Au tout début, une infirmerie est présente (avec les brancards …) Les dangers de la mine sont importants (les coups de grisou comme le coup de grisou de Courrières qui a fait plus de mille morts). Les galeries comportent des protections, des renforcements des plafonds pour éviter les chutes et le grisou … Les mineurs travaillaient en 3/8. Les veines de charbon sont à plus de 2 000 m et les mineurs ont pu descendre jusqu’à 1400 m.

Les conséquences du travail dans la mine sur la santé des mineurs sont nombreuses. Entre la silicose, toutes les maladies respiratoires, les fractures … voire la mort. Les enfants de la fin du XIXème siècle et du début du XXème pouvaient travailler comme les adultes. Fort heureusement les lois sociales ont interdit au cours du XXème siècle ce travail. Les animaux eux aussi étaient mis à contribution comme les chevaux que l’on descendait (non sans mal dans les galeries) pour tirer les chariots remplis de charbon.

Cette visite des mines doublée de la visite de la collection de M. John P. Eckblad, présent sur le site est un temps exceptionnel. Une partie de la vie économique de la France est montrée à l’attention du grand public.

La collection rassemble des œuvres sur d’autres lieux industriels du charbon venant de Grande Bretagne en particulier, des Etats-Unis (les mines en Pennsylvanie) et l’on constate les ressemblances mêmes dans les représentations graphiques et picturales de ces différents lieux.

A recommander fortement aux enseignants d’Histoire et de Géographie qui ont en charge des classe de collège et de lycée, aux familles des collégiens et lycéens.

Au cœur du progrès, jusqu’au 31 décembre au Centre historique minier, Fosse Delloye, rue d’Erchin. 6,40 euros (expositions thématiques seules)  ; 12,50 euros (accès
à l’ensemble du site). Plus d’infos  : 03 27 95 82 82. Ou sur le site internet de l’exposition

• Accès routier
En venant de Paris (A1), Lille (A1) ou Lens (A21), prendre la direction Douai (N50), puis immédiatement la direction Cambrai (D621) et suivre le fléchage Centre Historique Minier. En venant de Valenciennes (A2), prendre la direction Douai, puis la direction Aniche (N455) et suivre le fléchage Centre Historique Minier (D645).

• Contact
Fosse Delloye BP 30039 rue d’Erchin - 59287 Lewarde - France
Tél. : 33 (0)3 27 95 82 82 - www.chm-lewarde.com

Blanche Defernez pour le service "Expositions" de la Rédaction de la revue Historiens & Géographes. Paris, le 18 septembre 2015.Tous droits réservés.

Notes

[1Présentation de l’exposition sur le site du Centre historique minier : John P. Eckblad a constitué, peu à peu depuis 1974, une collection remarquable de 750 gravures et affiches d’artistes français, anglais, allemands, américains… autour des thématiques du charbon, de l’acier et de la vapeur. Avec l’exposition « Au cœur du progrès », le Centre Historique Minier présente au public, pour la première fois dans le Nord-Pas de Calais, une soixantaine d’œuvres issues de cette collection qui rend compte de la manière dont de nombreux artistes de différents genres ont posé leur regard sur l’industrie et le travail, sur une période de plus de deux siècles.

[2Membre de la Rédaction d’Historiens & Géographes.

[3Voyage de presse organisé par l’agence L’observatoire Communication le 17 septembre 2015, accompagnement réalisé par Aurélie Landet.