Il s’agit d’abord de se familiariser avec les différentes essences. Le nez est dès les premiers pas dans l’exposition mobilisé pour percevoir leur variété. Elle s’explique autant par la diversité de leur provenance que par leurs caractéristiques biologiques. De nombreux objets sont exposés, comme qui soulignent le fait que l’odorat n’est pas le seul sens concerné par le sujet, comme un brûle parfum de Mossoul en laiton datant du XIIIe siècle.
Les parfums occupent une place incontournable dans la ville arabe. Par la seule vue, la magnifique série photographique de Vladimir Antaki, The Guardians, enivre volontiers le visiteur transporté ainsi dans le souk de Mascate. Néanmoins, l’odeur de la ville ne saurait se limiter aux seules senteurs des échoppes du sultanat d’Oman. Le travail du cuir est à l’origine de quartiers des tanneurs qui, dans l’ensemble du monde arabe, parfume l’air de traits pestilentiels.
La maison arabo-musulmane est aussi un espace odorant. Dans un devoir d’hospitalité, il est d’usage de parfumer ainsi ses visiteurs. Les parfums, dont les traités de cuisine médiévaux donnent souvent des recettes, se retrouvent souvent liés aux saveurs et constituent des marqueurs mémoriels puissants. Enfin, quand vient le temps de l’alcôve, désir et séduction se nourrissent aussi de douces fragrances, qu’il s’agisse de celles de safran, de musc ou d’ambre.
« Parfums d’Orient » est donc une exposition très riche, permettant de faire mieux connaître le sujet qu’elle explore, mais elle n’est pas que monstration. Il s’agit aussi d’une très belle expérience et un défi technique formidablement relevé. Comment en effet penser une exposition sur les parfums sans la faire sentir au visiteur à chaque étape de son parcours ?
« Parfums d’Orient » permet de vivre une expérience olfactive ou plus exactement des expériences olfactives, tant le dispositif mis en place pour l’occasion est complexe et varié. Le clou de l’exposition pourrait d’ailleurs bien être la table du parfumeur autour de laquelle chacune et chacun peut construire et choisir son mélange préféré.
L’APHG aura le plaisir d’organiser un café virtuel consacré à cette exposition le jeudi 18 janvier 2024 à 19h. Nous inaugurerons alors un cycle de cinq cafés virtuels en partenariat avec l’Institut du Monde Arabe.
Dalila Chalabi, François da Rocha Carneiro
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