A rebours des manuels classiques qui se font les vecteurs des courants historiographiques dominants et qui véhiculent peu ou prou la « pensée » de notre temps, très à droite ces dernières années, dans sa double version néolibérale pro-mondialiste (affichée et « vendue ») ou réactionnaire nationaliste (plus souterraine), ce « contre-manuel » se veut clairement ancré à gauche : une gauche antilibérale qui remet en cause un certain nombre « d’idées reçues » concernant « le communisme, on a vu ce que ça a donné », « les entreprises créent l’emploi », « l’austérité est le seul remède à la crise » ou « tous les totalitarismes se valent » pour reprendre certains titres donnés aux thèmes abordés ; une gauche progressiste également, qui reprend fièrement l’héritage des combats sociaux menés en France et dans le Tiers monde aux XIXème et XXème siècles pour la défense des opprimés et l’émancipation de l’individu.
Avec ce double ancrage progressiste et antilibéral, on conçoit que la collectivisation des terres en URSS, les origines du pacte germano-soviétique ou les causes de la guerre froide soient expliquées d’une manière très différente que dans les manuels de la culture dominante. Mais les textes sont solides et les arguments avancés par les auteurs, sur ces sujets comme sur les autres, ne peuvent pas être balayés d’un revers de main dédaigneux. Leur lecture nous rappelle, de manière très saine, que l’interprétation de l’histoire est plurielle. Et la confrontation de ces arguments à ceux que l’on retrouve partout ailleurs nous oblige à nous interroger sur le passé en apparence le mieux connu pour nous forger notre propre jugement. On entre ainsi dans une démarche citoyenne qui rejoint pleinement la démarche d’émancipation défendue par les auteurs. Le manuel a alors atteint son but. Une belle réussite !
Voir en ligne sur le site de l’éditeur
© Franck Schwab pour Historiens & Géographes - 8 août 2016. Tous droits réservés.