Le temps du voyage-aller, le 4 juillet 2016
Paris, Gare de Lyon, 9h27 : départ pour Montpellier en TGV, arrivée à Montpellier pour 12h50.
Le voyage, à travers une bonne partie du pays, se fait sans arrêt et les différents paysages défilent de l’Aube en passant par la Bourgogne, ses vignes et ses coteaux, le Lyonnais, le couloir rhodanien, Valence et enfin le Languedoc. L’ambiance du groupe de presse est sympathique et riche en échanges.
Nous avons quitté la capitale sous un ciel bas et nuageux avec une température modérée. Nous trouvons le ciel bleu de l’été et la pleine chaleur du Midi : 34°C ... Notre première halte depuis la gare sera de nous rendre à un restaurant situé dans la grande allée de la ville encadrée par les bâtiments construits par l’architecte Beaufils, dans un style un peu « stalinien ».
Après avoir déposé nos bagages à l’hôtel (B and B), nous allons découvrir le patrimoine et l’art d’artistes contemporains dans l’après midi et toute la journée du mardi avant notre retour sur Paris.
Les visites
Première visite le lundi 4 juillet 2016 : la bambouseraie à côté d’Anduzes, dans le Gard, à Générargues (Domaine de Prafrance, 552 rue de Montsauve à Generargues F-30 140, tel : 04 66 61 70 47. Site internet).
Un peu d’histoire : à l’origine, un homme, Eugène Mazel (1828-1890) qui, outre une fortune dont il hérita et un travail d’administrateur des mines de la Grande Combe, va se passionner pour l’horticulture et les sciences naturelles. Il va créer 2 jardins, l’un au Golfe Juan et l’autre à Generargues, il s’agit de la bambouseraie. Aménagée en 1855, le lieu bénéficie d’un microclimat. E. Mazel va construire des canaux pour l’irrigation indispensable. Il va planter dès 1856 des plantes originaires du Japon, de l’Amérique du nord et des Himalayas. Il tissera de forts liens avec des spécialistes scientifiques (G. Saporta …) de paléobotanique et de zoologie.
Les hivers rudes n’agressent pas les bambous qui résistent. Ce lieu devient de plus en plus reconnu. Des savants du monde entier rendent visite à son fondateur.
1902 : le lieu est racheté par G. Nègre. En 1945 l’un des fils de G. Nègre reprend profrance. Il est ingénieur agronome et à son tour il va expérimenter, développer d’autres productions …
En 1953, l’ouverture au grand public démarre ;
En 1960, sa fille Muriel Nègre en hérite.
2006, la bambouseraie fête ses 150 ans. Elle est inscrite aux Monuments historiques
En 2012, une charte européenne du tourisme est signée.
La bambouseraie
Tous les continents sont présents : séquoias centenaires, 240 variétés de bambous, des érables du Japon, des camélias, des ginkgos, des bilobas …
En entrant dans la bambouseraie, on est transporté en Asie. Un Village laotien a été reconstitué. La vallée du dragon conçue par E. Borja est plantée d’érables du Japon, de bambous nains … l’eau du gardon y dessine comme un animal mythique : le dragon.
La pièce d’eau est enjambée par le pavillon du Phoenix rouge, construit en bois (style japonais).
On peut aussi admirer une allée de palmiers (Chine), une collection de nénuphars, des serres qui révèlent l’engouement au XIXè siècle pour les plantes tropicales. On sent les senteurs des azalées, des rhododendrons … sans oublier le labyrinthe (initiation, chemin de la connaissance) en bambous …
Les artistes d’art contemporain qui y exposent :
- Marie-Noëlle Fontan avec une œuvre intitulée « correspondances »
- Marie Gueydon de Dives avec « Influences ». L’artiste travaille les lichens, les mousses …
- Mireille Laborie, très fascinée par les toiles d’araignée, elle élabore des œuvres qui s’en inspirent comme les fils blancs installés sur des bambous …
Commentaires :
Les bambous, les œuvres, tout cela rend le lieu un peu magique. Il y a de nombreuses animations tout l’été comme la découverte de l’entomologie, les oiseaux, des ateliers pédagogiques, un manège musical, des déambulations, des acrobates …
Le lieu est tout aussi riche en découvertes pour les enfants, les adolescents que pour les adultes.
Deuxième visite le mardi 5 juillet 2016 : les abbayes de Fontfroide, Lagrasse, Gellone à St Guilhem le Désert.
L’abbaye de Fontfroide est située au sud-ouest de Narbonne, dans les premiers contreforts des Corbières.
Il s’agit d’une abbaye cistercienne. L’eau sourd au creux d’un vallon et c’est une eau très froide. Ce qui explique peut être le nom du lieu : Fontfroide.
Un peu d’histoire : l’abbaye fut fondée en 1093. Saint Bernard de Clairvaux y vint. L’expansion de l’abbaye est alors considérable. Elle va défendre l’orthodoxie de l’Eglise catholique face à l’hérésie cathare qui se développe alors sur les terres des comtes de Toulouse.
L’abbaye possédait de nombreuses granges entre Béziers et Perpignan, faisait l’élevage de moutons (commerce de laine) … c’est une des plus riches abbayes. Au XIVème siècle, l’épidémie de peste sévit partout et à Fontfroide également. L’abbaye perd les trois quart des ses de ses moines. Jusqu’à la Révolution, elle va connaître des embellissements architecturaux successifs.
En 1908, l’abbaye est mise en vente et G. Fayet et son épouse la sauvent d’un démantèlement possible et la restaurent. Déjà, à la veille de la Deuxième Grande Guerre mondiale, des peintres, des musiciens s’y retrouvent pour jouer ou exposer leurs œuvres.
Aujourd’hui, ce sont les descendants qui poursuivent la conservation de ce patrimoine hors du commun.
Selon Viollet-le-Duc (1843), le cloître de Fontfroide est l’un des plus beaux dans le midi de la France. La salle capitulaire repose sur 4 colonnes en marbre. La nef voûtée de l’abbatiale, le transept, le chœur appellent à l’intériorisation. Les vitraux ont été réalisés par Burgsthal (entre 1914 et 1925) et ils irradient grâce à la lumière de l’extérieur qui les traverse de toutes les couleurs rose, bleu …
Le lieu est ouvert au public avec également la roseraie et les jardins. Il offre toute une série d’animations, d’activités comme des concerts, des expositions (art contemporain, vieux métiers …), une fête des fleurs, un spectacle sonore et musical à 21h30 jusqu’à 24h. Le domaine possède aussi sa cave.
Cette année, c’est Jordi Savall et son ensemble de musique troubadour qui s’installe.
Quant à l’art contemporain, Marc Couturier expose sa demi-barque suspendue et accrochée à une plaque miroir, flottant au centre de la salle capitulaire. Marc Couturier est un peintre qui n’hésite pas à affirmer sa sensibilité religieuse.
L’abbaye de Lagrasse, au cœur des Corbières.
L’abbaye est considérée comme l’un des plus importants établissements bénédictions des pays d’Aude. Elle aurait été fondée au VIIIème siècle. Depuis les années 1923, elle est classé monument historique. Elle va connaître un essor important entre le IXème siècle et le XIIème siècle puis elle va vivre de nombreuses crises successives. Ce qui n’empêcha pas des embellissements successifs et en particulier à la fin du XIVème et XVème siècle. La réforme de St Maur à la fin du XVIIème siècle donnera un nouvel élan intellectuel au lieu. Mais à la Révolution, le bâtiment est partagé en deux lots et destiné à la vente. Actuellement, le Conseil départemental de l’Aude possède un lot et l’autre lot est occupé par une communauté des Chanoines Réguliers de la Mère de Dieu.
Javier Pérez, artiste espagnol contemporain, y expose une composition de 17 cloches de verre noires. L’installation intègre une partition vocale de 30 minutes réalisée par Joan Sanmarti et inspirée du livre des Lamentations du prophète Jérémie. Ces cloches sont disposées symétriquement dans l’immense dortoir de l’abbaye. Chaque cloche est suspendue à la hauteur des oreilles du visiteur, le son des voix est transmis par certaines cloches tandis que d’autres sonnent. La composition nous saisit complètement tous les sens. A la fois fascinante et troublante.
Saint-Guilhem-le-Désert, près de Nîmes.
L’abbaye de Gellone est une abbaye bénédictine fondée en 804 par un aristocrate de l’époque carolingienne, Guillaume de Gellone (742-812) appelé Guilhem en langue d’oc. L’abbaye fait partie des monuments historiques et est également inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de St-Jacques de Compostelle depuis 1998.
Le cloître a été démantelé et ne possède plus que 2 galeries.
Les sculptures du cloître vendues à un américain en 1906 se trouvent au Musée des Cloisters de New York.
Une communauté religieuse vit toujours sur place.
L’œuvre de Renato Nicolodi, artiste flamand, est constituée par un « retable » en bois. L’auteur nous invite à une quête spirituelle et à une réflexion métaphysique. Très bel ouvrage dans la cohérence des autres œuvres de l’artiste.
L’alliance abbayes et art contemporain est très réussie. Le choix des artistes répond tout à fait au cadre des monuments. Il y a encore plein d’autres lieux qui méritent le détour dans cette partie sud de la France.
Les visites ont été très remplies et bien sûr, une journée supplémentaire aurait été l’idéal. Mais l’accompagnatrice, Lorraine Hussenot, la Commissaire d’exposition, notre pilote (navette), toutes ont été à leur place et dans leur rôle. Ce qui nous a permis d’admirer toutes ces œuvres et d’en voir autant en si peu de temps.
Retour sur Paris, arrivée vers 22h à la gare de Lyon, à Paris. Toujours des échanges, des liens qui se créent suite à de tels déplacements.
Ces lieux s’adressent à tous les âges : adultes, mais aussi adolescents, enfants grâce aux nombreuses animations qui s’y produisent.
Un conseil : ne manquer pas ces lieux si vous venez à passer par là lors de votre été voire hors été !
© Blanche Defernez pour Historiens & Géographes - 9 juillet 2016.
Illustration en "une" : Cloître de l’Abbaye de Fontfroide (Aude), 2007. Source
© Les services de la Rédaction de l’APHG et d’Historiens & Géographes - Tous droits réservés. 04/08/2016.