I – Le Forum sur l’enseignement de l’histoire dans les cycles obligatoires, mercredi 3 juin 2015 (Sorbonne)
Un compte-rendu a été lu en séance par Jean-Marc Fevret, chargé de mission et membre du Conseil de Gestion de l’APHG.
L’APHG était représentée ès qualité dans deux tables-rondes (Franck Collard et Jean-Marc Fevret) et une délégation menée par son président Bruno Benoit, Professeur à l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon, assistait et intervenait lors des débats. [2]
Le Forum s’organisait autour de trois tables-rondes (que vous pouvez retrouver sur les podcasts de France Culture, à l’émission La Fabrique de l’Histoire d’Emmanuel Laurentin, dont il faut féliciter l’art de l’animation de trois débats consécutifs, du 4 juin) - liens ici. L’intervention de la ministre de l’Éducation nationale, les contributions du président du Conseil supérieur des programmes, Michel Lussault et de Philippe Joutard sur l’histoire des programmes sont également accessibles en ligne. [3]
Compte-rendu plus détaillé à paraître prochainement sur le site de l’APHG.
II – Intervention de Didier Doix (Bourgogne) et Françoise Martin (Franche-Comté) sur la réforme des collèges
Nos deux collèges ont donné lecture de la synthèse des remontées provisoires des Régionales de l’APHG. Ils ont également proposé des pistes pour les prises de positions de l’association.
Le premier élément qui est fortement contesté est la mise en place des 4 nouveaux programmes la même année. C’est un travail immense, sans heures prévues pour la concertation. De plus la mise en place simultanée des 4 programmes aboutira à des incohérences comme le fait que les élèves de 4e entant en 3ème en 2016, ne verront jamais la Première Guerre mondiale au collège.
François Da Rocha-Carneiro (Nord-Pas-de-Calais) indique que la question sur l’application d’un seul coup des programmes à la rentrée 2016 a été posée à la DGESCO par l’association.
La division des programmes en thèmes obligatoires ou optionnels pose problème du point de vue de l’aspect national de l’éducation. Il semblerait que ce point va évoluer du côté du CSP.
Georges Sideris (médiéviste, Espé de Paris, Régionale d’Île-de-France) intervient pour dire que le programme ne tient pas du point de vue scientifique oubliant notamment les chrétiens d’Orient (vous pouvez retrouver ces positions dans une tribune publiée dans Libération). [4]
Jean-Philippe Genet (Président de la Régionale d’Île-de-France et médiéviste, Paris I) intervient pour faire remarquer qu’il faudrait un enseignement du fait religieux en 6ème pour les trois monothéismes. En 5e, le programme oublie que le christianisme n’est pas une religion au Moyen-Age mais une identité, un fait social. De la même manière, on considère dans ces projets de programmes que l’éducation se limite aux villes, et l’encadrement religieux aux campagnes.
Jean-Marc Fevret (Aix-Marseille) ajoute qu’il a été fait remarquer lors du Forum du 3 juin que les intitulés sur les deux guerres mondiales posent problème. Elles sont vues uniquement sous l’angle de la violence et du génocide. On semble oublier tout l’aspect de causalité, on est dans la description.
Antoine Imbault (Lorraine) abonde dans le sens du compte-rendu, les collègues refusent l’idée de réformer tous les programmes la même année et l’aspect optionnel de certains intitulés. La liberté pédagogique, confirment plusieurs intervenants dont Marc Charbonnier (Île-de-France) c’est sur la mise en œuvre qu’elle doit s’exercer, pas sur les contenus des programmes. Pour ce qui est des EPI (Enseignements pratiques interdisciplinaires), les professeurs de collège connaissent bien les Itinéraires de découverte (IDD), et pour que cela fonctionne il faut des heures de concertation.
Didier Doix (Bourgogne) note que les EPI sont un moyen de faire passer à la trappe les connaissances.
Georges Sideris (Île-de-France) fait remarquer que les élèves ont besoin d’articulation, il faut un récit avec des éléments logiques, des causes, des conséquences, or ce que l’on nous propose c’est de « l’histoire en lanières ».
Angélique Deffontaine (Nord Pas-de-Calais) observe que ce qui arrive en collège c’est ce qui existe déjà en LEP et que c’est très dangereux par rapport aux examens.
Françoise Martin (Franche-Comté) se demande où se trouvent les institutions dans ces programmes.
Céline Delforge (Picardie) se pose la question de la formation. Françoise Martin lui répond qu’il n’y aura pas de formation individuelle, mais une formation par bassin, dans l’établissement.
Vincent Magne (Champagne-Ardennes) pose la question de l’évaluation de l’EMC (Enseignement moral et civique), F. Martin lui répond que le CSP n’a donné aucun renseignement sur le Diplôme National du Brevet !
Eric Bonhomme (Aquitaine) demande si l’association a une position par rapport à la disparition des Disciplines Non Linguistique (Histoire-Géographie en langue étrangère dans le cadre des classes européennes ou autres). Le problème étant que l’avenir des DNL n’est pas du tout clair, Christine Miclo (Alsace) indiquant que l’enseignement bilingue se poursuit en Alsace.
V. Niemtchinous (Midi-Pyrénées) fait remarquer que les collègues sont surtout inquiets de la réforme globalement. Pour ce qui est de l’histoire-géographie, le problème est que nos matières ne peuvent pas s’intégrer dans beaucoup de thématiques des futurs EPI, par exemple Langues et culture de l’Antiquité ne se fait pas en Sixième, où nous y enseignons en revanche l’histoire de l’Antiquité.
Plusieurs collègues font remonter l’écœurement de nombreux enseignants qui se démobilisent, ne croyant pas du tout que l’on peut les écouter.
Hubert Tison (Secrétaire général) précise que l’APHG a demandé un rendez-vous avec le ministère pour la question des programmes et qu’il devrait avoir lieu à la fin du mois de juin.
Vincent Schweitzer (Lorraine) pense que l’opinion est d’accord avec nous, qu’elle va relayer nos positions.
Il ouvre alors un débat sur le fait que cette réforme profite au privé. François Da Rocha-Carneiro (Nord-Pas-de-Calais) fait remarquer que nous sommes la seule entreprise de France à payer les salaires de nos concurrents directs. Chantal Pétillon (Nord-Pas-de-Calais) explique que nous devons, plutôt qu’attaquer le privé, exprimer notre refus d’un enseignement dual. Corinne Talon (Île-de-France) ajoute que ce n’est pas le privé qui pose problème, mais le développement des cours particuliers. Claude Buisson (Aix-Marseille) déclare qu’il y a aussi des établissements privés qui sont en difficulté car ils s’ouvrent aux élèves défavorisés. Le débat se clôt avec l’intervention de Loïc Verkarre (Champagne-Ardennes) qui explique que dans le département où il enseigne, les seuls établissements publics qui réussissent à attirer des élèves motivés sont ceux qui sont attaqués par la disparition des langues anciennes et des enseignements bilingues. Que, de plus, ce sont ces établissements qui sont aujourd’hui menacés d’être fermés pour obliger leurs élèves à s’inscrire dans des établissements REP.
Un autre débat s’ouvre sur la position à adopter en ce qui concerne les projets et l’interdisciplinarité. Corinne Talon (Île-de-France) indique que l’enseignement dans le cadre de projet lui semble trop attaqué par l’association, que si ce n’est pas la solution à tous les problèmes de l’éducation nationale, c’est très bénéfique pour une large part des élèves. Françoise Martin (Bourgogne), Jean-Marc Fevret et Daniel Micolon (Aix-Marseille) lui répondent que ce ne doit pas être systématique. Antoine Imbault (Lorraine) et Pascale Coumau (Île-de-France) pensent que l’on va faire les équipes interdisciplinaires non pas selon les projets ou les affinités, mais en fonction des services. Loïc Verkarre (Champagne-Ardennes) ajoute que c’est déjà ce qui prévaut au lycée pour la constitution des équipes de TPE (Travaux Pratiques Encadrés).
Une dernière interrogation se fait jour à propos de la formation des futurs Professeurs des écoles (PE) en histoire-géographie. Georges Sideris fait remarquer que l’histoire-géographie se limite à 26 heures de formation dans les ESPE (soit 13 heures pour toute la géographie du monde et 13 heures pour toute l’histoire du Paléolithique à aujourd’hui !!!)
III – Mise au vote de 5 propositions sur les projets de programmes du collège
1- L’écriture des projets de programmes [Unanimité moins 2 abstentions]
– Toutes les questions proposées doivent être obligatoires.
– En revanche, certains contenus doivent être présentés de manière synthétiques.
– Liberté pédagogique réaffirmée de chaque professeur dans la mise en oeuvre.
2- Basculer l’enseignement de la Première Guerre mondiale en 3ème avec l’étude des causalités pour les deux Guerres mondiales [Unanimité moins deux abstentions]
3- Pas de réforme des programmes en 1 an. Elle doit entrer en oeuvre progressivement. [Unanimité].
4- L’enseignement de l’Histoire-Géographie ne doit pas servir à écrire ni "un roman national" fantasmé, ni "un roman mondial" substitué. [Unanimité].
5- Les programmes doivent garantir l’apprentissage des repères et des outils fondamentaux, en particulier en Géographie en 6ème. Proscription de la conceptualisation à outrance en Géographie (exemples : la mondialisation, le développement durable). [Unanimité]
IV – Questions diverses.
L’évolution de l’épreuve de Lettres-Histoire-Géographie en Contrôle Continu de Formation (CCF). Vincent Magne (Champagne-Ardennes) explique que c’est la dernière épreuve ponctuelle, qu’elle garantissait encore un peu le caractère national du diplôme. Notre refus de cette réforme se fait en liaison avec l’association des professeurs de Lettres (APLettres), avec laquelle un communiqué commun a été rédigé. [5]
La Terminale série Scientifique.
Vincent Bonneval , rejoint par Marc Charbonnier (Île-de-France), explique qu’il faut absolument des allègements. François Da Rocha fait remarquer que cela a été demandé mais Hubert Tison ajoute que le Président du CSP, Michel Lussault a déclaré qu’après s’être occupé des programmes de collège, il comptait réformer ceux du lycée.
Le Concours de la Résistance et de la Déportation (CNRD).
Le Président de la République a annoncé en janvier dernier qu’il y aurait une réforme du concours. Une commission a été formée avec Jean-Yves Daniel (doyen de l’Inspection générale), Hélène Waysbord (directrice de la maison d’Izieu) et Anne Anglès (professeur d’Histoire et de Géographie dans l’Académie de Créteil, qui a inspiré le film Les Héritiers) qui nous a reçu. L’association a reçu l’assurance d’être dans le groupe restreint avec les fondations. Le jury sera transformé et élargi.
APHG Tous droits réservés - Paris, 12 juin 2015.
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