Michel Lussault donne une première information : les programmes modifiés seront publiés la première semaine de septembre 2015 ; ce calendrier est une demande de la Ministre de l’éducation.
Ensuite il parle longuement des résultats de la consultation sur les programmes des cycles 2 à 4. Il évoque des changements possibles par rapport à la réforme telle qu’elle est conçue actuellement et par rapport aux programmes initiaux.
On peut retenir plusieurs éléments :
La consultation a remporté moins de succès que celle sur le socle commun puisque 16 000 réponses ont concerné les cycles de l’école et 24 000 réponses le cycle 4. Les réponses sont conformes à ce qui a été perçu par le CSP.
Le CSP dans la réécriture des programmes ne descendra pas au niveau des activités de classe. Cette tâche incombe à la DGESCO et aux Inspecteurs Généraux car le CSP n’est pas prescripteur de pratiques.
Pour les 3 cycles, la colonne des capacités n’existera plus et pour le cycle 4, vraisemblablement, la présentation sera semi tabulaire comme celle de la géographie du cycle 3 dans le projet actuel.
Les programmes seront présentés sous forme de thématiques larges avec quelques phrases pour laisser aux enseignants le choix d’entrer dans le thème comme ils le veulent.
Michel Lussault reconnait que la mise en œuvre de la réforme sur une seule année est une décision politique et que dans la réalité, les moyens humains et matériels ne permettent pas d’être opérationnels dans un délai aussi court. Le Président du CSP est favorable à une entrée progressive sur trois ans de chaque cycle sauf pour le cycle 2 qui peut être fait d’un seul coup. Des évolutions dans ce sens sont peut-être possibles !
Le CSP insiste également sur la redéfinition du rôle des corps intermédiaires et en particulier de ceux des Inspecteurs généraux qui doivent évoluer vers un véritable accompagnement. Ceux-ci avec les associations comme la nôtre doivent travailler à la publication des ressources. L’APHG souhaite que l’Institution soit très vigilante aux niveaux des sujets des différents examens.
Pour le cycle 2, les programmes sont bien perçus mais il faut faire un effort de lisibilité et alléger certaines parties jugées trop lourdes par rapport aux horaires.
Le cycle 3 : les remarques ont porté principalement sur les repères de progressivité insuffisants. Le CSP veut garder une cohérence à l’intérieur de chaque cycle et ne veut pas aller vers un redécoupage à l’intérieur de ceux-ci. Cependant, le programme d’histoire, est le seul à être scandé et emporte dans son sillage celui de la géographie mais il n’y aura pas de découpage infra-trimestriel.
Le cycle 4 est le plus critiqué, la globalité n’est pas perçue et les voies disciplinaires posent problème.
L’opérationnalité du cycle n’est pas jugée bonne. Cependant le programme restera sous sa forme actuelle et Michel Lussault insiste à nouveau sur le rôle de la Dgesco pour produire des documents de référence.
Dans le cycle 4, les programmes sont perçus majoritairement comme ayant un bon niveau d’exigence sauf en Français où le programme ne donne pas assez de place à la littérature. Les objectifs semblent aussi bien adaptés. Dans les EPI (Enseignements pratiques interdisciplinaires), les convergences entre les disciplines ne sont pas assez expliquées ainsi que les objectifs de l’apprentissage. Selon M. Lussault, les professeurs de différentes disciplines doivent travailler autour d’objets par convergence. Dans les programmes, des objets ou passerelles permettront d’articuler les voies disciplinaires à un moment donné. C’est dans ce cadre là que l’autonomie pédagogique doit jouer pleinement son rôle. Une évolution est possible sur les EPI. Le CSP cite les propositions des thèmes présentés par le SNES en partant des disciplines. Il n’y aura pas de programme des EPI (de manière générale) de la part du CSP. Il faut cependant cadrer l’interdisciplinarité et la rendre sensée dans un travail coopératif.
Le CSP rappelle sa démarche : le cycle est premier et les disciplines jouent pour atteindre les objectifs de cycle et du socle.
Concernant l’histoire et la géographie du cycle 4, le CSP a relevé dans la consultation un point positif : l’approche par compétence apparait réaliste par rapport au niveau de l’élève. Le point négatif porte sur l’opérationnalisation lourde par rapport aux moyens horaires.
Les repères de progressivité sont jugés insuffisants et la logique de choix brouille le contenu à enseigner. La distribution des thèmes entre les cycles 3 et 4 est à repenser. Le développement durable occupe une place trop grande. Les professeurs d’histoire géographie sont très largement impliqués dans l’Histoire des Arts mais pensent que le programme est lourd et difficile et qu’il faut faire un calage par niveau. Les professeurs montrent aussi un intérêt pour l’éducation aux média et à l’information mais là aussi, le niveau d’attente est jugé trop lourd par rapport au niveau de l’élève.
En ce qui concerne le caractère optionnel de certaines parties de programme, l’opposition est forte. Le CSP pense à une évolution par rapport à cela mais sans en dire davantage.
Le CSP précise également que les collègues ne croient pas au continuum dans le cycle 3. Il doit rester entier selon le CSP mais apporter plus de lisibilité dans les éléments de progressivité entre les deux cycles.
Enfin Michel Lussault évoque des modifications dans les programmes qui lui sembleraient intéressantes on peut en 5ème avoir une approche des ressources en les mettant en relation avec les sociétés et en montrant leur adaptation parrapport aux changements. La mondialisation pourrait être remise en 3ème en lien avec les années 90 mais il faudrait redescendre en 4ème l’étude de la France ce qui rencontre beaucoup d’opposition en lien avec le DNB. Dans le cycle 4, on peut aussi envisager de parler de situations locales par rapport à des représentations plus grandes.
La Première Guerre mondiale repassera vraisemblablement en 3ème et Françoise Martin rappelle que les causalités doivent être intégrées à l’étude des guerres mondiales. On pourrait envisager d’arrêter les programmes de 3ème à la fin de la guerre froide. Il faut réécrire certains intitulés et les harmoniser avec le cycle 3.
L’Islam serait bien étudié en 5ème en comparant les empires chrétien et byzantin mais il faut trouver l’intitulé qui entraînera le moins de polémique.
La délégation qui a été reçue longuement a écouté les explications du Président et son analyse de la consultation, ses interrogations et ses réflexions en filigrane. Les propositions de l’APHG (questions facultatives transformées en obligatoires par une refonte des questions pour éviter l’inégalité des collèges sur le territoire, la 1ère Guerre Mondiale remise en 3ème, en géographie le développement durable étudié dans un espace, éléments de géographie naturelle réintroduits, échelonnement de l’application, du programme, horaires disciplinaires réduits avec les EPI, rôle des IPR à éclaircir) ont été rappelées lors de cette rencontre. Il faut attendre le projet de programme réécrit en septembre pour juger sur pièce.
Sonia Laloyaux, rapporteur de la délégation de l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie (APHG).
Les services de la Rédaction d’Historiens & Géographes - Tous droits réservés. A paraître dans le numéro 431 de la revue, septembre 2015. 29/08/2015.