Par Noémie Lemennais. [1]
L’exposition
Le parcours de l’exposition n’est pas chronologique mais thématique afin de permettre au public d’appréhender au mieux toute la polysémie du nom de l’exposition : « La cité et l’Empire ». La muséographie est pensée de telle manière que l’exposition permet tout d’abord de revenir sur l’histoire de Rome, de la République à l’Empire dans toute sa richesse (société, religion, politique), pour ensuite aborder Rome comme Empire jusqu’aux territoires contrôlés par cette cité.
La première salle revient sur la « communauté politique » de cette Rome antique en expliquant les jeux d’inclusion et d’exclusion au sein du corps civique. Le visiteur pourra admirer le relief « dit de Domitius Ahenorbabus » qui représente une scène de recensement, moment central dans la vie d’un citoyen romain de la République romaine. La deuxième salle aborde les changements politiques qui eurent lieu entre les IIe et Ier siècle av. n. è. autour des enjeux de pouvoir entre imperatores jusqu’à l’émergence du premier princeps, Auguste. Dans cette salle se trouve une magnifique série de bustes des premiers empereurs mis les uns à la suite des autres permettant au visiteur de mieux saisir cette galerie des principes.
Dans la troisième et quatrième salle, l’exposition aborde les conséquences des conquêtes romaines autour du bassin méditerranéen, cette fameuse « Mare nostrum » romaine, notamment dans le domaine artiste par l’afflux d’artistes à Rome. C’est pourquoi Rome adopte certains traits de l’art grec, thématique évoquée dans cette troisième salle. La salle suivante aborde quant à elle les « structures » de cet empire, ce dernier s’incarnant dans les territoires contrôlés à la fois par la présence militaire, mais aussi par l’image et le visage du prince qui circule dans toutes les provinces, ainsi que pour les membres de sa famille, devenue domus Augusta.
La deuxième partie de l’exposition commence à la cinquième salle qui rappelle que Rome, comme Empire romain, est avant tout un monde de cités qui reprennent parfois les innovations technologiques venant de Rome, telles les aqueduc, les temples etc. Cette particularité du fonctionnement de l’Empire entraîne des circulations, au cœur de la sixième salle, qui ont lieu grâce à des routes entretenues. Des échanges intenses ont lieu, comme le révèlent les marchandises qui traversent des distances très longues, jusqu’à Boulogne-sur-Mer par exemple.
Ces circulations et cette connexion entre les différentes cités de l’Empire participent à la construction d’une « civilisation commune » reposant sur diverses pratiques (religieuses, culturelle etc.), thème des trois salles suivantes. Cette civilisation commune présente toutefois des particularités en fonction des lieux de réception, mais on observe un engouement pour certaines pratiques, comme pour les jeux de cirque. Dans ces salles se trouvent les représentations de ces pratiques, comme le relief Campana figurant une course de chars dans le Circus Maximus. On trouvera également dans la dernière salle sur ce thème, la magnifique mosaïque figurant le Jugement de Pâris venant d’Antioche sur l’Oronte.
La dernière partie de l’exposition intitulée « Esthétiser le monde » permet au visiteur d’avoir un aperçu de l’espace privé de la domus, avec ses objets fins et travaillés, ainsi que des enduits peints. Le visiteur pourra admirer les muses représentées dans la maison de Julia Felix à Pompéi, et trouver celle qui l’inspire.
L’exposition se termine avec la cuve de sarcophage figurant la remise de la Loi à Saint Pierre, datant de la fin du IVe siècle et témoignant surtout d’un « monde en bascule » à la suite de la création d’une nouvelle capitale, Constantinople, et l’adoption d’une nouvelle religion, le christianisme.
Autour de l’exposition
Le musée du Louvre-Lens organise une série de conférences thématiques autour de l’exposition. La première était le 9 avril avec Stéphane Benoist, professeur des Universités à l’Université de Lille présentant un « empereur romain aux multiples identités ». D’autres conférences sont prévues tout au long de cette exposition. Le samedi 7 mai le musée accueillera Yann Rivière qui reviendra sur la citoyenneté romaine. Programme des conférences : https://www.louvrelens.fr/quoi/conferences/
Pour les professeurs qui souhaiteraient venir avec leurs élèves avant les vacances d’été, un livret pédagogique est également disponible sur le site internet. Des pistes pédagogiques sont proposées à la fin de ce livret.
Dossier pédagogique à cette adresse.
Il est également possible de se procurer le livre de l’exposition à la boutique (39€) qui constitue un complément très utile grâce à des présentations thématiques écrites par des spécialistes de l’histoire romaine, ainsi qu’une iconographie accompagnée d’explications détaillées.
Conclusion
L’exposition « Rome. La cité et l’Empire » fait partie de ces expositions qui feront date par la richesse des œuvres proposées, mais également par la conception du parcours muséographique qui permet de saisir les évolutions à l’œuvre dans ce temps long. L’exposition est accessible aussi bien aux néophytes qu’aux spécialistes qui apprécieront la part belle faite aux sources épigraphiques rappelant la diversité des sources en histoire romaine malgré leur relative rareté.
Informations pratiques
Jusqu’au 25 juillet 2022
Galerie d’expositions temporaires :
Tarif plein : 11€ / 18 – 25 ans : 6€ / – 18 ans : gratuit
Musée ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 10h à 18h.
https://www.louvrelens.fr/
© Noémie Lemennais pour Historiens & Géographes, 23/04/2022. Tous droits réservés.