L’exposition
Le parcours de l’exposition n’est pas chronologique mais thématique afin de permettre au public d’identifier clairement les rôles et symboles du noir. Les trois premières salles nous plongent directement « dans le noir », en mettant le visiteur au contact avec des œuvres présentant les utilisations multiples du noir. La salle numéro 2, « La nature noire », est la plus poétique de l’exposition avec notamment La solitude d’Alexander Harrison (1893) et Paysage, effet de clair de lune de Joseph Vernet (1759). Après ces premières salles se trouve une « fabrique du noir » expliquant de façon interactive les méthodes de production et de réalisation de la couleur noire, chose difficile et peu évidente.
Les salles 3 et 4 sont organisées autour des visions du noir et du « mal noir ». Elles permettent de revenir sur les effets de nuit dans les œuvres. La salle 5, une des plus petites de l’exposition mais très intéressante, est consacrée au noir sacré. Elle explique et montre au visiteur que le noir a été, principalement dans l’Antiquité, une couleur associée au sacré, l’inaccessible et marquant la séparation avec le profane. C’est à la fin du Moyen-Âge que cette couleur est assimilée à la superstition et à la sorcellerie. Dans cette salle, le visiteur trouvera une statue d’Osiris, mais également une statue en marbre de la déesse Isis datée de 100-200 de notre ère.
La deuxième partie de l’exposition, commençant à la salle 6, se concentre sur les sens multiples du noir, à travers « le noir rédempteur » et son utilisation sociale. La première salle revient sur le choc de la peste noire en Europe qui a conduit les populations à changer leur rapport à la mort, et donc indirectement au noir. La salle 7 rappelle que le noir était pendant une longtemps un marqueur social, couleur réservée aux plus aisés à cause de la difficulté de réalisation. Cette salle offre donc une série de portraits parmi lesquels le Portrait de Charles II, Roi d’Espagne de Juan Carreño De Miranda, et le portrait réalisé par l’atelier de François Clouet de François de Lorraine, duc de Guise, Pair du Royaume et grand chambellan (1550-1560). Enfin, la salle 8 montre l’utilisation de la couleur noire dans la vie quotidienne, notamment à partir du XIXe siècle pour des raisons pratiques, mais aussi esthétiques avec le développement du noir comme couleur phare dans la mode (« petite robe noire » de Coco Chanel). Dans cette salle sont exposés deux magnifiques tableaux : La dame au gant (1869) de Carolus-Duran et Egnime d’Alfred Agache (1888).
La suite de l’exposition rend hommage au territoire de Lens et du Nord-Pas-de-Calais en faisant un point sur le « noir industriel », couleur de l’industrie minière, à travers notamment des photographies de mineurs ou de mine. Le noir y apparaît comme une couleur au caractère social par excellence représentant les différences sociales ; associée dans certaines œuvres à la saleté, à la pauvreté, aux classes sociales laborieuses des mineurs ; elle était aussi celle du luxe et des mondanités dans la salle précédente.
Enfin, la dernière partie de l’exposition dans les salles 11 et 12 revient sur le noir en tant que noir, et non plus seulement ses représentations symboliques. Le noir est une couleur de contraste et donc utilisé pour mettre en valeur les autres couleurs comme dans le Portrait de jeune homme d’Alessandro Filipepi (1480-1485).
L’exposition se termine sur une réflexion sur la nature du noir et de son essence, notamment à partir du XXe siècle, avec les figures de Kasimir Malévitch, Ad Reinhardt, et de Pierre Soulages qui ne peint que des toiles entièrement recouvertes de noir.
« Autour de l’exposition »
Le musée propose également sur son site internet (https://www.louvrelens.fr/exhibition/noir/?tab=autour-de-l-exposition) une série de 10 podcasts réalisés par les 3 commissaires de l’exposition : Marie Lavandier, Luc Piralla et Juliette Guépratte. Ces podcasts analysent certaines œuvres choisies de l’exposition permettant donc compléter parfaitement la visite réalisée, on peut aussi les écouter pendant la visite avec son smartphone équipé d’écouteurs.
Enfin, pour les professeurs qui souhaiteraient emmener leurs élèves entre septembre 2020 et janvier 2021, un livret pédagogique est également disponible sur le site internet à l’adresse déjà indiquée. Des pistes pédagogiques sont proposées à la fin de ce livret.
Conclusion
L’exposition Soleils Noirs du Louvre-Lens est donc une exposition bien pensée plongeant le visiteur dans une approche plurielle de cette couleur et faisant émerger une palette riche de sentiments par sa poésie. Elle permet également de développer une interprétation nuancée de la couleur noire qui est bien plus qu’un adjectif à accoler à des périodes ou à des moments dramatiques.
Enfin, et surtout, elle ne manque pas non plus de faire écho à l’ouvrage de l’historien Michel Pastoureau, Noir. Histoire d’une couleur, qui cherche à comprendre les pratiques sociales et les symboles associés à cette couleur à travers l’histoire culturelle. Cette exposition permettra ainsi d’enrichir cette lecture pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire culturelle et des sensibilités.
Informations pratiques
Gratuit du 3 au 30 juin, sans retrait de billet d’accès ni réservation préalable.
Pou une visite avec peu de visiteurs, privilégier l’ouverture ou les heures de midi.
Musée ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 10h à 18h.
Site web : https://www.louvrelens.fr/
© Noémie Lemennais pour Historiens & Géographes, 20/06/2020. Tous droits réservés.