Le lieu
Le domaine de Penthes est situé au Chemin de l’Impératrice à Précy à quelques kilomètres de la gare de Genève. Il se dresse dans un immense parc, planté de nombreux arbres … et l’on peut y apercevoir le lac car le lieu se trouve sur une des collines qui entourent la ville.
Les liens entre la Suisse et l’Arménie
Après 1915, la Suisse, a accueilli de nombreux rescapés du génocide. Comme l’Arménie, le pays a toujours défendu le désir de son indépendance et de sa liberté.
L’Arménie, carrefour entre Orient et Occident, entre monde chrétien et monde musulman, montre une nouvelle fois la richesse de son patrimoine artistique (fruit d’un mélange de savoir faire arménien, perse, syrien, byzantin) à travers la collection des frères Kalfayan, héritiers des traditions. Ils résident actuellement en Grèce.
Un peu d’histoire sur la collection
Roupen Kalfayan, l’un des deux frères collectionneurs, rappelle comment l’idée d’une telle exposition est venue. Des amis arméniens qui vivent en Suisse leur ont proposé à l’occasion de la célébration du centenaire du génocide des Arméniens (1915-2015) de présenter certains objets de la collection familiale au domaine de Penthes.
Roupen Kalfayan évoque alors les parents (Garabed et Anahid) et un oncle paternel. Gazaros Gazarian qui, dès les années 1920, ont commencé à collectionner des objets d’art arménien, provenant de marchés de l’art en Grèce. Lui et son frère Arsen ont décidé de poursuivre cette direction après des études à Londres et un intérêt tout particulier pour le marché international de l’art, ils ont accepté avec beaucoup d’enthousiasme d’exposer à Penthes, rappelant au passage les liens entre Arménie et Suisse.
L’exposition ou de l’identité arménienne à travers la collection des frères Kalfayan
10 salles regroupent les objets d’art arménien racontant l’histoire artistique et l’historique de l’Arménie.
Le déroulement de l’exposition
1ière salle : Nous trouvons de la documentation sur les Arméniens en Suisse au 19è et 20è siècles. Genève fut un centre d’action pour les mouvements révolutionnaires arméniens et le lieu de la fondation du parti Hentchak ainsi que de la publication du journal Drochak.
Après les persécutions au 19è et début du 20è siècles, beaucoup d’Arméniens trouvèrent refuge en Suisse. Des orphelinats furent ouverts par le Pasteur Krafft-Bonnard.
L’Arménie historique et symbolique
Deux Khatkhars (pierres à croix) accueillent le visiteur comme s’il arrivait en Arménie et, bien sûr, le Mont Ararat où selon l’Ancien Testament s’échoua l’Arche de Noé, après le déluge, symbole de la patrie arménienne (même si le mont est hors des frontières de l’Arménie actuelle).Il est très vite représenté dans l’art arménien. Les frontières du pays ont beaucoup varié au cours du temps. Les Arméniens eurent des contacts avec les Mèdes, les Perses, les royaumes hellénistiques, les Empires romain et byzantin. Ils s’installèrent dans la Grande Arménie, en Cilicie, en Syrie ou au Liban. Son assujettissement à l’Empire Ottoman date de 1524.
L’Arménie chrétienne (330-1453)
On pourra admirer un rideau d’autel représentant la légende de St Grégoire l’Illuminateur et la conversion au christianisme. On voit aussi le siège patriarcal d’Etchmiadzin (« descente du Fils Unique » en arménien, devenu le berceau légendaire de l’Eglise arménienne et dont l’architecture va être le modèle pour toutes les églises arméniennes).
L’église arménienne ressemble beaucoup par sa liturgie à l’église orthodoxe grecque. Elle constitue le lien communautaire et le centre spirituel de chaque communauté arménienne.
Les objets liturgiques
Il s’agit principalement de vaisselle d’autel en métal. Certaines portent une inscription par les donateurs avec ceux qui ont fait le pèlerinage à Jérusalem.
Les textes liturgiques
Fabriqués en soie, ils suivent les techniques de fabrication et styles décoratifs floraux ottomans. Parmi eux, la représentation de l’agneau pascal.
Alphabet, écriture, manuscrit
Ce qui retenait l’attention des Arméniens, c’étaient les écrits. L’alphabet arménien fut créé par St Mesrop Mashtots (5è siècle) pour traduire les Écritures. On remarquera de beaux manuscrits enluminés.
Argenterie des églises arméniennes
Les Arméniens sont réputés pour leur travail d’orfèvres dès le Moyen Age. Les orfèvres venaient surtout de la région de Van et Vaspourakan (plateau anatolien).
Céramiques du Kûtaya
Durant le 18è siècle, les Arméniens dominent le marché des céramiques (tasses, bols, pichets, presse-citrons …) Ils excellent aussi dans de petits plats décorés avec des personnages en habit d’époque … dans les flacons de parfum …
Ils fabriquent également des céramiques pour un usage liturgique.
Ils combinent différents styles comme celui inspiré par la porcelaine chinoise ou par des motifs iraniens …
L’empire commercial arménien
L’on apprend qu’au 17ème siècle, des Arméniens vont s’établir à Madras sur la route du commerce avec la Compagnie des Indes orientales.
Certains objets exposés à Penthes viennent de ces marchands raffinés arméniens installés en Inde.
La dernière salle est consacrée à la famille Kalfayan, à son histoire, à la collection exposée au Musée et au concept de la collection comme préservation de la mémoire d’un peuple ou d’une culture.
Pour qui ne connaît pas l’Arménie, cette exposition retrace bien l’histoire et la place de l’art dans la culture du peuple arménien.
Elle permet une certaine approche de l’identité arménienne (avec les objets, les symboles … qui y sont exposés). Le voyage jusqu’à Genève est l’occasion de découvrir une population dispersée à travers le monde et très souvent l’objet de persécutions voire de massacres (premier génocide du 20è siècle).
Ce voyage de presse était très bien organisé par l’agence Heymann-Renoult.
Voir en ligne : Domaine de Penthes : Musée
Blanche DEFERNEZ pour la Rédaction de la revue Historiens & Géographes - Tous droits réservés, 09/05/2015.