Audience avec le CSP sur le Tronc commun des Programmes du Lycée Mercredi 20 mars 2019 - 9 h 30 à 12 h 30.

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Compte-rendu de la rencontre avec le Conseil supérieur des programmes.
Mercredi 20 mars 2019 - 9 h 30 à 12 h 30.

Le Conseil supérieur des programmes (CSP), représenté par sa présidente Souâd Ayada, son secrétaire général David Bauduin a reçu les associations disciplinaires (APHG, SOPHAU, SHMESP, AHMUF, AHCESR, Clionautes) et les syndicats (SNES, SNALC, UNSA, SGEN) pour la présentation des projets de programmes de terminale du tronc commun histoire-géographie, puis de la spécialité histoire-géographe-géopolitique-sciences politiques. A ce moment de la réunion, sont arrivés des représentants de l’APSES et de la CDPSES.

Les discussions préalables à cette rencontre ont eu lieu entre l’APHG (Christine Guimonnet) et les représentants de la SOPHAU (Sylvie Pittia et Catherine Grandjean), la SHMESP (Aude Mairey, Dominique Valerian), l’AHMUF (Céline Borello), et l’AHCESR (Julie d’Andurain). Un des objectifs est de préserver une répartition des quatre périodes sur l’ensemble du cycle, en profitant des opportunités de la spécialité, le tronc commun de première et terminale étant exclusivement consacré à l’histoire contemporaine.

Remarques générales :

Les copilotes du groupe, les inspecteurs généraux Florence Smits et Jérôme Grondeux (doyen) ont exposé l’état des travaux. Le projet, nettement moins abouti, moins précis que celui des niveaux seconde et première (octobre 2018) est encore au stade des réflexions et des discussions à l’intérieur du groupe de travail. Certains titres de thèmes peuvent changer, les études de cas en géographie n’ont pas été listées, les points de passage et d’ouverture (P/O) en histoire ne sont pas fixés. Nous avons discuté à partir d’une trame de projet, ce qui pourrait laisser espérer des marges de manœuvre, si les remarques orales et écrites sont effectivement prises en compte.

Souâd Ayada ajoute que le projet sera discuté, ajusté, voté par le CSP, que le ministre, son cabinet et la DGESCO peuvent l’amender. Le calendrier qui doit permettre une publication au fil de l’eau sur le site du ministère à partir du 20 juin, la totalité des programmes devant être en ligne en juin. La DGESCO doit mener la consultation à partir du 10 juin, les textes doivent passer devant le CSE les 9, 10 et 11 juillet, et la publication doit intervenir dans l’avant dernier ou le dernier Bulletin officiel du mois de juillet. Elle explique qu’il y a plusieurs niveaux de discussions pour arriver à une forme de consensus, même si il est impossible de satisfaire tout le monde.

Le SNES signale que les amendements proposés au CSE et votés, n’ont pas été repris. Aux diverses questions relatives à l’utilisation des résultats de la consultation en ligne traités par la DGESCO, Souâd Ayada répond que le CSP n’en a pas été destinataire. Elle ajoute que le CSP n’a pas grand pouvoir pour intervenir dans le reste des problématiques liées à la réforme, qu’elle a demandé un certain nombre d’informations au cabinet.

Au-delà des programmes, cette réunion a été l’occasion de réaffirmer certains principes, d’alerter sur les difficultés liées à la mise en œuvre de la réforme, de faire remonter les inquiétudes du terrain. Nous rappelons :

  • que la spécificité des élèves des séries technologiques doit être prise en compte, qu’il y a des conditions de travail de plus en plus délicates, que l’articulation contenus/ horaire est cruciale (les Inspecteurs généraux entendent et font état de la complexité de la situation …réflexion pour passer à 3 thèmes ; plus facile en géographie, qui construit son objet qu’en histoire), et que les choix opérés ne doivent pas nous mettre en difficulté avec nos élèves.
  • que nous n’avons à l’heure actuelle AUCUNE information quant à la nature des épreuves de tronc commun, alors que les élèves de Première auront une première épreuve commune vers le mois de janvier 2020 ! Nous préparons donc nos élèves de Seconde à diverses configurations. [1]
  • que la mise en place de ces épreuves communes en première (année jusqu’alors sans examen dans nos disciplines et permettant une forme de respiration) risque de brider la liberté pédagogique, d’accentuer le bachotage, de mettre des carcans, et ainsi de compromettre, y compris chez des enseignants très investis, les projets sorties et visites, voyages organisés pour leurs élèves, ainsi que les concours.

Tronc commun histoire-géographie

Les projets s’inscrivent dans la même logique de ceux de seconde et première, avec les mêmes démarches et les mêmes structures.

Géographie

Pour la géographie, les notions qui servent de fil directeur sont les mêmes : la transition, la recomposition, la mondialisation. La démarche est multiscalaire et l’approche systémique. On trouve trois thèmes et un thème conclusif qui permet de réutiliser les notions et démarches apprises et appropriées dans l’étude des thèmes 1, 2 et 3.

TH 1 : Hiérarchies territoriales, tensions liées à la mondialisation
TH 2 : Supports, vecteurs : mers et océans (montrer les enjeux d’appropriation de l’espace, de la garantie de libre circulation …)
TH 3 : L’Union européenne dans la mondialisation (espace ouvert, d’intégration ; politiques européennes, dynamiques des zones transfrontalières)
TH conclusif : La France et ses régions dans l’Union européennes et dans la mondialisation (lignes de force, repères ; rôle de la réforme territoriale et des politiques d’aménagement du territoire mais pas un historique ! Voir les conséquences sur les territoires).

Florence Smits explique (répondant à diverses questions) :

  • que les exemples doivent être pris sur l’ensemble des continents,
  • que l’ouverture a lieu sur les trois années du cycle,
  • que les professeurs ont la liberté pédagogique de choisir leurs propres exemples, même si des études de cas seront proposées pour ceux qui souhaiteraient les utiliser
  • que des repères/notions sont posés, que des démarches ont déjà été entamées au collège (travailler avec des cartes ; rappel que la géographie est l’étude des hommes dans leur milieu)
  • que tout ce qui concerne les éléments de structure, de formation des phénomènes physique (formation des reliefs, tectonique), et climatiques relève désormais des SVT
  • qu’il n’y a plus d’enseignement de géographie régionale
  • que tout ce qui traverse les programmes de géographie existe déjà
  • que le groupe essaie de privilégier des formulations robustes, qui ne soient pas rapidement périmées.

Histoire

Jérôme Grondeux évoque une structure en sablier, resserré sur la France en Première et qui se redéploie en Terminale. Les groupe a eu des discussions sur l’enseignement de l’historie de l’Union européenne. La trame est chronologique, les césures précédentes opéraient de nouveaux choix : basculer la Révolution Française en début de première et terminer le programme en 1920. A une question posée, il répond que les sorties de guerre s’y trouvent donc.

Souci constant du groupe de travail : comment opérer l’articulation avec les programmes de collège ? Sachant qu’il y a une capitalisation variable chez les élèves qui arrivent au lycée. Ne pas répéter lourdement certains ponts, trouver de nouveaux angles, ne pas priver les élèves de débouchés problématisés, ne pas priver de recul.
Même structure que le programme de Première.

Le récit du professeur peut utiliser des supports très variés et peut être un moyen de gagner du temps, en transmettant directement à l’élève ce dont il a besoin, pour qu’il puisse avoir ensuite une approche critique. Les démarches constructivistes sont chronophages, même si elles peuvent avoir de l’intérêt. Les P/O seront moins nombreux.

N.B. : Les titres présentés ici sont toujours en discussion ; rien n’est donc figé, définitif. Jérôme Grondeux s’excuse du côté inachevé.

TH 1 : Thème qui va de 1920 à 1945 qui embrasse la crise de 29, les années 30 et la Seconde Guerre mondiale.
Étudier les déséquilibres les mutations, le phénomène totalitaire avec la notion de projet totalitaire. La Seconde Guerre mondiale représente 1/3 de l’horaire du thème.
TH 2 : Étude de la Guerre froide et de la décolonisation (leurs interactions)
Exemple de P/O : guerre d’Indochine et du Vietnam.
Volonté de ne pas séparer les deux contextes (Guerre froide et Décolonisation).
Zoomer sur la France pour voir l’impact de la Guerre froide et de la Décolonisation.
TH 3 : Les ruptures des années 70 et 80 (volonté de casser le bloc guerre froide jusqu’en 1989)
Travailler sur les questions économiques, les transformations politiques (basculement de la Chine ; expérience démocratique en Europe et en Amérique latine.
Focale sur ce qui bouge au Proche et au Moyen Orient.
On commence à avoir un certain recul historique qui permet de mieux saisir le monde actuel.
TH 4 : titre provisoire (« piètre » selon Jérôme Grondeux). Un monde en questions depuis 1990 / thème qui arrive dans le calendrier de l’année au moment où on est délivré des contraintes de l’examen (EC).
Voir les nouveaux enjeux mondiaux, les rapports de puissance, les nouvelles conflictualités (11 septembre, guerre de Yougoslavie..), voir les combats pour l’égalité, l’évolution du régime politique en France, la construction européenne ; travailler à des échelles différentes (monde, Europe, France).

Discussion

AHCESR : J. d’Andurain note que les 4 thèmes ont une tonalité pessimiste, angoissante et qu’il faut certes montrer les moments difficiles mais également présenter des avancées (scientifiques par exemple), des progrès, pour casser un peu cet « effet guerre » très présent. Elle apprécie l’étude du Proche et au Moyen Orient à travers les révolutions (historiciser l’islamisme qui remplace le nationalisme). Il faudrait évoquer des formes de décolonisation pacifiques, pour montrer le rôle joué par la négociation, afin de ne pas résumer la décolonisation à la violence. Elle pense l’adéquation entre le secondaire et le supérieur et songe aux sorties de guerres aux continuités entre les périodes.

SHMESP : D. Valerian voit moins la logique du T3 : ne faudrait-il pas le centrer que les changements idéologiques ? Ils permettent de mieux comprendre le monde contemporain (la philosophie pensant aussi ces questions) = tous les mots en isme, à poser, cadrer, clarifier, pour qu’ils fassent sens pour les élèves.
Jérôme Grondeux répond qu’ils y travaillent, sans forcément y entrer directement par la notion.
SGEN : juge le T2 très intéressant et met en avant un écueil à éviter (présenter la décolonisation comme découlant de la GF sans autonomie personnelle des acteurs).
SOPHAU : S. Pittia demande qui sont les spécialistes de l’histoire contemporaine dans le groupe et des détails sur le découpage horaire interne à l’année, d’un thème à l’autre (Jérôme Grondeux répond qu’il y aura des horaires indicatifs).
SNES : Amélie Hart-Hutasse signale qu’il y a encore (en apparence) essentiellement de l’histoire politique, laissant peu de place à l’histoire sociale. Son absence, comme celle de l’histoire mixte sont des freins.
APHG : approuve et ajoute qu’il est peu cohérent de vouloir promouvoir l’engagement chez les jeunes, sans évoquer celles et ceux qui se sont engagés, ont lutté pour obtenir des libertés, des droits, fait bouger les lignes. Il est important de trouver dans le passé des modèles, des femmes et hommes inspirants pour la génération actuelle. Nous avons à de multiples reprises demandé que les programmes fassent une place significative aux femmes, étant donné le nombre de collègues engagés dans ces questions. Thème pour le moment un peu fourre-tout où il est difficile d’y voir clair, même si l’IG souhaite lui permettre de donner une culture commune.

Jérôme Grondeux répond que les titres sont là pour le cadrage global, qu’il y aura une part réservée aux mutations sociales, sociétales, que les P/O permettront d’incarner les groupes, des figures, des éléments qui nous préoccupent ; le « positif » jugé insuffisant, est une vraie préoccupation du groupe : donner une vision, lucide mais pas totalement désespérante.

Pour Florence Smits, il s’agit de donner des clés, des leviers pour agir. A Souâd Ayada qui demande « Jusqu’où va-t-on dans la période contemporaine ? », Jérôme Grondeux répond que l’expression jusqu’à nos jours est une formule souple, non contraignante et que les questions étudiées sont désormais bien documentées, qu’il y a le recul nécessaire (11 septembre ; échec de 2005 pour l’Union européenne ; guerres en ex-Yougoslavie), et qu’il est possible de voir les prolongements. Ce sont donc des questions ouvertes du monde d’aujourd’hui.

Le représentant du SNALC appuie les entrées par les idées, mais évoque les difficultés potentielles dans certaines classes. Jérôme Grondeux répond que lorsqu’il enseignait dans le sud de la France, il avait dans ses classes des descendants de rapatriés, de Harkis ...

AHMUF : Céline Borello appuie les propos de sa collègue J. d’Andurain en souhaitant incorporer un peu d’optimisme, « réincarner l’histoire », avec des groupes, des trajectoires individuelles, des modèles, des contre-modèles.
Jérôme Grondeux explique qu’optimisme et réincarnation sont liés.

Compte rendu par Christine Guimonnet (APHG).

© Les services de la Rédaction d’Historiens & Géographes - Tous droits réservés. 27/03/2019.

Notes

[1N.B. : Il y aura une banque de sujets nationaux où chaque établissement fera son choix.