Dans un monde où la population des villes est devenue de plus en plus majoritaire, où le rapport à la ville concerne chacun pour son habitat, son travail, ses loisirs, ses déplacements, ses démarches administratives, le besoin d’une étude approfondie du phénomène urbain était largement ressenti. Et il est particulièrement heureux que cette synthèse ait pu voir le jour sous la plume de Guy Burgel et Alexandre Grondeau. Après avoir présenté les villes en parallèle, c’est pour Burgel le pas ultime pour atteindre l’acmé d’une carrière scientifique de la manière la plus brillante qui soit.
Inutile d’en présenter le plan, en 5 parties de 3 chapitres chacune. Il est conçu de la manière la plus classique et rationnelle. Mais la présentation marque un souci permanent de clarté démonstrative. Chaque paragraphe apporte un plus à l’argumentaire, et des titres parlants guident le lecteur. On retrouve là l’expression la plus vraie du souci pédagogique du normalien et de l’agrégé. Mais greffé sur une culture encyclopédique transversale à toutes les époques historiques et à toutes les civilisations.
Avec une maîtrise constante du vocabulaire, chaque terme étant explicité quand il apparaît, puis redéfini dans le lexique final. C’est pour le lecteur lambda, et tout autant pour les étudiants l’occasion de mesurer le fossé qui existe dans la com. actuelle entre les auteurs médiatiques et la vraie signification des termes : approximations, faux-sens voire contre-sens nous inondent quotidiennement. Et comme à cela s’ajoutent souvent des erreurs de jugement, on comprend mieux l’imbroglio administratif urbanistique ambiant. Mais c’est toujours avec une grande finesse et une absolution permanente que sont démontrées les aberrations des aménageurs de tous pays et les pseudo-modèles. Ainsi, contrairement à ce qui a guidé bien des réflexions de « spécialistes », ce ne sont pas les déplacements domicile/travail qui suscitent le plus grand nombre de déplacements, ni l’usage de la voiture individuelle qui génère le maximum de pollution. Qu’on relise (page 177) ce qui est dit de « l’effet barbecue ». D’où les échecs multiples dans la non-maîtrise des transports urbains, et le désastre de certaines mesures prises au nom d’une écologie, bien qu’ayant au départ fière allure, mais plus militante que judicieuse, et qui a sacrifié le logement par effondrement du nombre de constructions.
Les documents choisis et commentés apportent un plus, bien que pour certains la lisibilité reste médiocre, notamment par manque de contrastes ou par surcharges. Ce bref compte-rendu ne saurait rendre la richesse de l’ouvrage, qui s’adresse, entre autres, aux « élus et cadres de l’administration territoriale ». C’est un vœu pieux, quand on constate l’ignorance de certains responsables actuels au plus haut niveau, et dans certains pays où sévit la gangrène financière (Amérique Latine) ou politique (Chine), bien difficile à éradiquer.
© Roland FROMENT pour les services de la Rédaction d’Historiens & Géographes, 10/01/2017. Tous droits réservés.