Un projet franco-tunisien pour l’enseignement de l’Histoire Ressources pédagogiques DNL

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Rencontre avec Olfa Mahmoud [1] , compte-rendu par Olivier Rabasse. [2]

Un projet franco-tunisien d’enseignement de l’Histoire est né à Marseille lors de la 25e conférence annuelle Euroclio organisée avec la Commission Europe de l’APHG.

Madame MAHMOUD, de par ses fonctions, a un regard distancié sur les programmes d’Histoire et Géographie en vigueur en Tunisie.

Son mémoire de Master 2 (DEA) soutenu à Paris VII lui a permis de mener une étude comparative de la colonisation et de la décolonisation telles qu’elles sont enseignées en France et en Tunisie. Ses fonctions l’ont amené à davantage se pencher sur les programmes du secondaire en vigueur dans les deux pays.

Depuis longtemps déjà, Madame MAHMOUD cherche à mettre en place un appariement franco-tunisien qui mettrait en contact des enseignants des deux pays. Elle souhaiterait la mise en place de cours en commun. En effet, elle a pu constater de nombreux points communs entre les programmes et pense qu’il peut être stimulant de mener en parallèle ces cours.

Lors de l’assemblée annuelle d’Euroclio, Madame MAHMOUD a rencontré Monsieur RABASSE et lui a présenté ce beau projet.

L’objectif commun s’inscrit parfaitement dans le cadre des démarches présentées dans ce congrès puisqu’il s’agira d’une association pédagogique transméditerranéenne en vue de l’enseignement du thème de la romanisation.

Pour Madame MAHMOUD, Inspectrice Générale, comme pour les professeurs tunisiens et pour Monsieur RABASSE, l’objectif est bien de fonder la réflexion pédagogique sur l’appropriation de lieux de mémoire afin que les élèves des deux rives de la mer Méditerranée perçoivent qu’ils ont bel et bien un passé commun ; et que leurs territoires respectifs gardent trace de la construction de la civilisation humaine.

Pour Madame MAHMOUD, ce serait une façon pour les enseignants d’échanger des expériences professionnelles et, dans une volonté d’ouverture, de leur faire profiter de pratiques éducatives plus ou moins innovantes mais toujours différentes, importées d’autres systèmes.
Cette coopération pourrait contribuer à l’accomplissement de plusieurs objectifs éducatifs tels que l’ouverture sur l’autre, l’apprentissage autrement et en-dehors de la classe et les échanges éducatifs et culturels.

Ces questions sont présentées :

  • dans les programmes tunisiens, dans la question « l’apport de l’Afrique au monde romain : étude de cas sur l’urbanisation, l’essor économique, l’essor culturel à travers Apulée ou saint Augustin » ;
  • et dans les programmes français dans la question « citoyenneté et empire à Rome : l’extension de la citoyenneté à la Gaule romaine puis à l’ensemble de l’Empire ».

Ces leçons sont abordées dans les deux systèmes dès la première année du lycée : Première en Tunisie, Seconde en France.

Dans les deux systèmes, ces classes sont dites : « tronc commun » en Tunisie, « palier de détermination » en France. Ce sont donc tous les élèves du niveau qui reçoivent cet enseignement, à hauteur de trois heures hebdomadaires d’Histoire et Géographie.

Les consignes officielles conseillent de consacrer : pour la France, trois à quatre heures ; pour la Tunisie, cinq à six heures.

Le plan de la séquence pourrait être partagé entre des acteurs des deux pays.

Les deux premières heures seraient menées en commun depuis la France :

  • Monsieur RABASSE serait filmé en train de faire cours avec sa classe au sujet de la romanisation de la Gaule.
  • Sa démarche est déductive : à partir de l’étude de cas que constitue le citoyen Caius Julius Rufus, connu par deux inscriptions épigraphiques (à Saintes et à Lyon),
  • Il présente aux élèves l’évergétisme, les processus d’acculturation, de romanisation et d’intégration des élites gauloises.
  • La même activité peut être préparée en amont en Tunisie.

Durant l’heure ou les deux heures suivantes, chacun pourrait faire le bilan et avancer un peu si nécessaire dans son cours : Monsieur RABASSE pourrait ainsi mener un bilan autour des Tables claudiennes.

Les deux heures suivantes seraient menées en commun depuis la Tunisie et seraient consacrées à une visite virtuelle filmée d’un site archéologique romain :

  • à partir de l’étude d’un plan d’une ville romaine de Tunisie,
  • le professeur partenaire tunisien présentera avec ses élèves plusieurs des bâtiments archétypaux de la ville romaine.
  • Ce travail sera donc présenté aux élèves français par Skype.
  • Les modalités pratiques de ce versant de la séquence doivent être mises en place par les professeurs, par des réunions à distance et échange de mails.
A Toulon, devant la « Romane », Olfa Mahmoud, Inspectrice générale (Tunisie) et Olivier Rabasse, Professeur et membre de l’APHG. Photo Ann-Laure Liéval / Euroclio - APHG. DR.

Marseille, Euroclio - APHG - Avril 2018.

© Ann-Laure Liéval [3] et les services de la Rédaction d’Historiens & Géographes - Tous droits réservés. 08/05/2018.

Notes

[1Historienne, Inspectrice Générale de l’Education – Tunisie.

[2Professeur agrégé d’Histoire et de Géographie. Section Européenne et Section Bachibac (Toulon). Membre de l’APHG.

[3Professeure d’Histoire-Géographie en Section Européenne DNL (Lille), Présidente de la Commission Europe de l’APHG.