APHG Brèves de classe n°16. Les espaces productifs avec Éloïse Libourel Podcast "APHG Brèves de classe"

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Épisode 16 : Les espaces productifs avec Éloïse Libourel.

APHG Brèves de classe est le podcast officiel de l’APHG. Dans chaque épisode, un universitaire vient présenter un chapitre des nouveaux programmes de lycée. Le podcast se divise en 2 parties. Tout d’abord une présentation des grands enjeux du chapitre puis ensuite des documents ou des exemples, directement réutilisables en classe avec les élèves.

Classe de Première – Notion centrale du programme de géographie : recomposition.
Thème 2 : Une diversification des espaces et des acteurs de la production :

  • Q1 : Les espaces de production dans le monde : une diversité croissante
  • Q2 : Métropolisation, littoralisation des espaces productifs et accroissement des flux
  • Q France : La France : les systèmes productifs entre valorisation locale et intégration européenne et mondiale.

Eloïse Libourel enseigne en CPGE au lycée Léon Blum de Créteil et au lycée Albert Schweitzer du Raincy. Elle a contribué à plusieurs manuels de lycée. Ses thématiques de recherche, dans le cadre du Laboratoire Ville Mobilité Transports, portent principalement sur les réseaux de transport, les mobilités et la planification territoriale en Europe. Elle présente ici une synthèse autour des différents espaces productifs qu’elle analyse avec des exemples à travers le monde. Dans la deuxième partie de l’émission, elle propose une étude de cas sur Aerospace Valley à Toulouse afin d’illustrer les espaces productifs à différentes échelles.
Les documents et la bibliographie sont disponibles sur le site aphg.fr.

Présentation de l’intervenante

Éloïse Libourel enseigne en CPGE au lycée Léon Blum de Créteil et au lycée Albert Schweitzer du Raincy. Elle a contribué à plusieurs manuels de lycée. Ses thématiques de recherche, dans le cadre du Laboratoire Ville Mobilité Transports, portent principalement sur les réseaux de transport, les mobilités et la planification territoriale en Europe.

Éloïse Libourel. DR.

Liens vers l’émission APHG Brèves de classe n° 16

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Bientôt en ligne sur https://anchor.fm/breves-de-classe

  • Déjà disponible sur Spotify et bientôt sur les autres plateformes de Podcast.

© APHG Brèves de classe. Yohann CHANOIR et Nicolas CHARLES. Générique : « Dissolution ». Musique originale. © Renaud MIELCAREK et Bernard COLLOT - tous droits accordés pour l’APHG. Juin 2020.

Introduction scientifique

Le thème consacré à la diversification et aux acteurs de la production est particulièrement complexe parce qu’il fait appel à des notions dont la maîtrise fine est parfois problématique, mais aussi parce qu’il pose des questions à l’intersection de différentes thématiques géographiques : mondialisation (dynamique contemporaine centrale), aménagement des territoires, dynamiques démographiques, réseaux... C’est aussi un chapitre fondamental car il invite à s’interroger à la fois sur la pluralité des acteurs et sur l’articulation des échelles.

Ce que disent les instructions officielles

Le thème est d’abord traité à l’échelle mondiale, à travers deux questions :
 La diversification des espaces productifs, à la fois en termes de localisations et de types d’activités, mais aussi de complexification des systèmes productifs dans l’espace ;
 Les principales dynamiques qui expliquent les recompositions des espaces productifs, à savoir la métropolisation, la littoralisation et l’accroissement tendanciel des flux.

À cette échelle, le programme invite à penser la diversité des espaces productifs et de leurs localisations d’une part, et leur interconnexion d’autre part. La question de l’interdépendance entre les activités est mise en avant à travers la notion de chaînes de valeur ajoutée qui relient les entreprises de différents secteurs (de la production de matières premières au produit ou au service final) et qui impliquent des acteurs publics et privés dans le processus productif.

Le thème fait ensuite l’objet d’une question spécifique sur la France qui propose l’étude des systèmes productifs à l’échelle nationale et leur mise en perspective européenne et mondiale.

Les pistes de mise en œuvre

Les instructions officielles proposent des pistes de mise en œuvre à l’échelle mondiale à travers 4 propositions d’études de cas possibles, quoique non contraignantes :
 Les espaces des industries aéronautique et aérospatiale européennes, qui a l’intérêt de permettre l’articulation des échelles de manière très explicite, ainsi que de faire le lien avec la question sur la France (Airbus Group à Blagnac) ;
 Singapour, qui a l’originalité d’être essentiellement centrée sur la question des services (notamment financiers) et des flux ;
 Les investissements chinois en Afrique, qui permettent de montrer la recomposition des acteurs et espaces de la production à différentes échelles, mais aussi de donner une place importante à la question des matières premières minières et agricoles ;
 La Silicon Valley, qui est un archétype des espaces productifs de la haute-technologie.

Il faut mettre en contexte ce thème 2 de géographie du programme de 1ère avec de grands enjeux contemporains, comme celui de la NDIT et de ses évolutions, celui de l’accroissement tendanciel des flux de biens, de personnes et d’informations, mais aussi ceux des choix d’aménagement des territoires pour s’adapter aux délocalisations, aux reconversions et aux nouvelles exigences de compétitivité.

Etude de cas : L’industrie aéronautique et aérospatiale européennes

L’étude de cas de l’aéronautique/aérospatiale est intéressante parce qu’elle permet d’aborder de manière transversale les grands axes du programme :
 système productif de haute-technologie qui évolue constamment, hautement concurrentiel ;
 témoin de la métropolisation ;
 association de différents acteurs publics et privés associés pour l’innovation ;
 intégration dans les réseaux matériels et immatériels, de marchandises et de personnes.

Il s’agit d’un système productif plus que d’un espace de production, puisque la production est disséminée dans plusieurs pays européens, et puisqu’elle doit être mise en relation avec un système concurrentiel mondial (quelques puissances aéronautiques : Etats-Unis avec Boeing, la Nasa, SpaceX ; le Brésil avec Embraer ; la Chine, la Russie et l’Inde avec des lancements de satellites…). Or ces systèmes productifs s’inscrivent dans des espaces en réseau, qui doivent être lus à plusieurs échelles.

En outre, cette étude de cas à l’intérêt de permettre un lien entre le chapitre abordé à l’échelle mondiale et la question spécifique sur la France. Il peut être intéressant de s’en servir pour montrer aux élèves comment passer d’une échelle à une autre et comment articuler les échelles.

Dans un premier temps, il est possible de présenter les espaces productifs d’Airbus en changeant d’échelle grâce à une série de cartes :

 On peut partir d’une carte des localisations d’Airbus Group en Europe (il y en a dans de nombreux manuels, qui sont faites à partir des données fournies sur le site d’Airbus Group, mais il y en a aussi dans la presse, comme ici : https://www.leparisien.fr/economie/brexit-airbus-menace-de-se-retirer-du-royaume-uni-25-01-2019-7996464.php). Cette carte doit permettre de montrer que la production aéronautique et aérospatiale européenne se pense nécessairement en réseau et se concentre autour de métropoles industrielles (Hambourg par exemple).
 On peut ensuite se concentrer sur le grand Sud-Ouest français, qui est un territoire où le secteur aéronautique est particulièrement important, grâce à une carte de l’INSEE : https://www.insee.fr/fr/statistiques/1285404. Elle permet de mettre en avant le réseau de sous-traitance qui structure l’espace productif régional.

C’est à cette échelle que l’on peut évoquer l’Aerospace Valley, pôle de compétitivité qui regroupe les entreprises du secteur aéronautique.
 On peut enfin mobiliser un extrait de carte IGN centré sur Toulouse et Blagnac pour faire ressortir (on peut pour cela créer un croquis avec les élèves) les principaux lieux de production, de recherche et développement et de formation associés à l’aéronautique, ainsi que les réseaux de transports qui permettent l’insertion de Toulouse dans la mondialisation.

Dans un second temps, il est intéressant de remettre les espaces productifs de l’aéronautique européenne en perspective avec leur insertion dans les réseaux mondiaux autour de deux axes principaux :

 La NDIT et la répartition entre activités extractives, transformation à faible valeur ajoutée et activités à haute-valeur ajoutée : on peut travailler à partir d’une courte vidéo proposée par Arte, dans la série Product, sur le Titane : https://www.youtube.com/watch?v=gr04qCxSI_k&t=187s
 La stratégie d’Airbus Group face à la concurrence internationale, en particulier celle de Boeing : on peut pour cela mobiliser les chiffres de vente d’Airbus et de Boeing, disponibles et actualisés sur les sites des deux groupes. On peut également s’appuyer sur la stratégie d’ouverture d’une usine en Chine, à Tianjin, pour se rapprocher d’un de ses principaux marchés.

Documents à utiliser en classe

De manière plus transversale, il est possible de travailler à partir d’une série de vidéos d’Arte, Product, qui sont disponibles en ligne sur la chaîne Youtube d’Arte. Elles permettent d’appréhender le fonctionnement en réseau des espaces productifs, la division internationale du travail et l’importance des flux dans les processus productifs. Il est intéressant de comparer deux vidéos avec des circuits de production assez différents :
 Par exemple, la vidéo sur le titane utilisé dans les mats-réacteurs d’avion présente un circuit long, mondialisé, qui souligne la spécialisation des espaces productifs.
 Elle peut être mise en perspective avec la vidéo sur les bonbons (https://www.youtube.com/watch?v=LIZi7p7_wsY) qui présente quant à elle un circuit court de production dans le nord de la France.
Cela permet d’étudier deux types de systèmes productifs.

Bibliographie

  • BLEIN Alexandre et HALBERT Ludovic, 2018, « «  Territoires et systèmes productifs  : un regard de chercheur, une expérience d’aménageur  ». Entretien avec Pierre Veltz (par Alexandre Blein et Ludovic Halbert) », Métropoles, 18 octobre 2018, Hors-série 2018.
  • CARROUE Laurent, 2015, « De l’industrie au système productif  : approches épistémologiques et conceptuelles », Bulletin de l’association de géographes français. Géographies, 1 décembre 2015, vol. 92, no 92 4, p. 452 465.
  • CARROUE Laurent, 2013, La France  : les mutations des systèmes productifs, Paris, Armand Colin, 240 p.
  • DAMETTE Félix et SCHEIBLING Jacques, 2015, Le territoire français, 3e édition revue et augmentée., Paris, Hachette Éducation, 272 p.
  • ÉDUCATION NATIONALE, Bulletin officiel de l’Education Nationale, Spécial n°1, 22 janvier 2019, en ligne : https://cache.media.eduscol.education.fr/file/SP1-MEN-22-1-2019/93/9/spe577_annexe2_1062939.pdf
  • VELTZ Pierre, 2017, La Société hyper-industrielle. Le nouveau capitalisme productif, s.l., Le Seuil, 99 p.

Retrouvez les épisodes précédents sur le site de l’APHG

© APHG Brèves de classe - Yohann Chanoir et Nicolas Charles pour Historiens & Géographes, 24/06/2020. Tous droits réservés.